Qui a tué à Bentalha?... Faites entrer les accusés... By - Mohammed Gherrabi... |Exclusif|
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Bentalha: 22 au 23 septembre 1997, 28 ans après, le deuil impossible
Dans la nuit du 22 au 23 septembre 1997, Bentalha, petite ville de la banlieue sud d'Alger, est le théâtre d'un massacre d'une violence inouïe. De 22 h 30 à 4 h du matin, plus de 400 personnes (moins d'une centaine, selon les sources officielles) sont assassinées par plusieurs dizaines d'hommes habillés de tuniques afghanes, portant de longues barbes, au visage parfois dissimulé sous une cagoule. Armés de couteaux, machettes, haches et armes à feu, ils attaquent méthodiquement les maisons situées dans deux quartiers: Haï el-Djilali et Haï Boudoumi. Lorsque la tuerie débute, la ville est plongée dans le noir car les assaillants ont pris soin de couper le courant.
Dans les recoins de l’histoire contemporaine de l’Algérie, la Décennie noire (1992-2002, 250.000 morts) reste une plaie béante, marquée par un conflit interne dévastateur dont les séquelles résonnent encore sur la vie politique et sociale du pays. Derrière le rideau de fumée de ce conflit sanglant, une élite militaire s’est affirmée, émergeant du chaos et de la violence comme des figures incontournables du pouvoir algérien actuel. Ces généraux, souvent cités dans les documents de l’époque et rarement interrogés publiquement, sont dénoncés dans le livre «Qui a tué à Bentalha?» (éd. La Découverte, 2000), de Nesroulah Yous, un rescapé du massacre de Bentalha, «un quartier très hétéroclite, où les habitants viennent de régions diverses», situé à 15 kilomètres au sud d’Alger. Dans la nuit du 22 septembre 1997, l’horreur frappe cette localité: en quelques heures, 400 civils –hommes, femmes, enfants– sont massacrés par des commandos de l’armée algérienne déguisés en terroristes islamistes.
Les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité, ne doivent pas rester impunis et leurs auteurs doivent être traduits en justice.
Selon la presse "vert kaki" algérienne, l'algérie aurait exigé une enquête internationale sur les fosses communes découvertes à Gaza… la même exigence des familles et des proches des disparus des décennie noires en algérie. Vingt-huit ans après, les rescapés et les témoins n'ont rien oublié. Les détonations des explosifs pour arracher les portes des maisons, le hurlement des sirènes installées par certains habitants pour donner l'alerte en cas d'attaque, le bruit des kalachnikov, le survol de l'hélicoptère durant ce long huis clos, les cris des victimes suppliciées. D'aucuns disent avoir entendu les hurlements depuis la commune voisine de Baraki. Malgré l'adoption d'une Charte de réconciliation nationale en 2006, les témoins de cette tragédie tentent de survivre et d'oublier leurs bourreaux. Faute de prise en charge psychologique adéquate, les rescapés présentent de nombreuses séquelles, certains ont même basculé dans la folie après avoir vu les corps mutilés de leurs proches.
Faites entrer les accusés: Les généraux et hauts gradés algériens cités dans le massacre de Bentalha

Dans les recoins de l’histoire contemporaine de l’Algérie, la Décennie noire (1992-2002, 250.000 morts) reste une plaie béante, marquée par un conflit interne dévastateur dont les séquelles résonnent encore sur la vie politique et sociale du pays. Derrière le rideau de fumée de ce conflit sanglant, une élite militaire s’est affirmée, émergeant du chaos et de la violence comme des figures incontournables du pouvoir algérien actuel. Ces généraux, souvent cités dans les documents de l’époque et rarement interrogés publiquement, sont dénoncés dans le livre «Qui a tué à Bentalha?» (éd. La Découverte, 2000), de Nesroulah Yous, un rescapé du massacre de Bentalha, «un quartier très hétéroclite, où les habitants viennent de régions diverses», situé à 15 kilomètres au sud d’Alger. Dans la nuit du 22 septembre 1997, l’horreur frappe cette localité: en quelques heures, 400 civils –hommes, femmes, enfants– sont massacrés par des commandos de l’armée algérienne déguisés en terroristes islamistes.
Nesroulah Yous mentionne plusieurs responsables militaires algériens impliqués dans l’organisation du massacre de Bentalha:
«Parmi les plus importants, aux commandes pendant toutes les années de la «seconde guerre d’ Algérie», on peut mentionner le général Khaled Nezzar, le général Larbi Belkheir, le général Mohamed Lamari, le général Mohamed Lamine Médiène, le général Smaïn Lamari (numéro deux du DRS), le général major Mohamed Touati ‘s, le général Fodhil Chérif (chef des opérations terrestres). Ces hommes, et quelques autres fonctionnent selon des règles proches de celles des coupoles“ mafieuses italiennes, quelques paroles sibyllines échangées entre eux peuvent suffire pour prendre les décisions les plus graves. Ils tiennent d’une main de fer les rouages essentiels du pays: les hydrocarbures (gaz et pétrole) et le commerce extérieur (sources des «commissions» qui alimentent leurs fortunes), et bien sûr l’armée. Ce sont eux qui ont organisé l’annulation des élections législatives et le coup d’État de janvier 1992— le général Nezzar l’a clairement reconnu dans ses mémoires. Personne ne nie que ce sont eux qui ont dirigé, au jour le jour et dans le détail, les différentes phases de l’effroyable guerre qu’ils mènent depuis lors contre leurs opposants islamistes, et surtout contre le peuple algérien, dont ils craignent par-dessus tout la révolte.»
Aux militaires cités plus haut, il faut ajouter les Chengriha, Gaïd Salah, El Djen, Djebbar M’Henna et Medjahed documentés dans d’autres sources dans l’organisation des massacres. La Décennie noire fut plus qu’une guerre civile, elle constitua un véritable rite de passage, un pacte non écrit qui lia à jamais cette caste de généraux par un secret commun et des crimes partagés. Ce contexte leur a permis de se maintenir dans les hautes sphères de l’État et de contrôler les rouages de la machine gouvernementale. Ces figures militaires, créées dans la violence de la guerre civile, se sont forgé une légitimité paradoxale: celle de protecteurs d’une nation qu’ils contrôlent par la force. Leur légitimité repose non sur le consensus populaire ou sur des élections transparentes, mais sur la capacité à faire peur et à écraser toute contestation.
Utilisé à toutes les sauces chez la junte militaire algérienne

Le gouvernement de Sid Ahmed Ghozali, un certain Abdelmadjid Tebboune, qui se mettait à toutes les sauces…
Sid Ahmed Ghozali est nommé le 5 juin 1991, le lendemain de la proclamation de l’état de siège. Les membres de ce gouvernement sont nommés le 18 juin. Le 16 octobre 1991, le gouvernement est remanié.


La « décennie noire » reste un traumatisme profond pour l’Algérie.
En quoi cette tragédie peut-elle nous aider à éclairer le présent et à comprendre une forme d’immobilisme dans l’Algérie politique d’aujourd’hui et de demain?
La poussée électorale du Front islamique du salut (FIS) amène le gouvernement à suspendre le processus démocratique et à décréter l’état d’urgence. C’est le début d’une longue crise :
• assassinats, • attentats, • massacres, • disparitions, • répression…
À la fin de 1988, le Front de libération nationale (FLN), parti unique en Algérie dont le pouvoir était resté inébranlé depuis les années 1960, ne semblait plus adapté à la situation. Plusieurs éléments ont mené à une insatisfaction croissante de la population. Tout d’abord, un système de parti unique basé sur la démocratie populaire mais cachant en réalité un régime militaire, touché par la corruption et le clientélisme. En effet, les années 1980 avaient vu trois organes de pouvoir différents : la présidence, le parti et l’armée. Ensuite, les chutes du prix du pétrole en 1986 qui font passer le prix du baril de 30 $ à 10 $. Le gouvernement bénéficiait du prix élevé du pétrole : celui-ci concernait 95 % des exports algériens et 60 % du budget du gouvernement. L’économie planifiée subit de fortes contraintes, avec les pénuries et la montée du chômage. En octobre 1988, des manifestations contre le président Chadli Bendjedid eurent lieu dans toutes les villes algériennes, mettant en avant la montée de l’islamisme parmi nombre de manifestants. L’armée, en tirant sur les manifestants, fit plus de 500 morts et choqua la population par la brutalité de la réponse.
La victoire du FIS aux élections législatives de 1991 crée une véritable division au gouvernement sur la marche à suivre. La véritable question qui se pose est la suivante : doit-on, ou non, accepter de gouverner avec le FIS quand il obtiendra la majorité aux élections législatives ? Le gouvernement est divisé. De son côté, le président Bendjedid pense pouvoir utiliser son statut de Chef d’État pour contrôler et tempérer les éventuels excès des députés du FIS, en fait, il souhaite à tout prix continuer sur la lancée de démocratisation de la société. D’un autre côté, le premier ministre Ghozali ainsi que certains généraux (Nezzar et Belkheir) refusent catégoriquement de laisser le pouvoir législatif aux députés du FIS, ils veulent à tout prix conserver la tradition nationaliste et laïque du régime algérien. Très vite, au début du mois de janvier, les opposants à Chedli Bendjedid, ainsi que quelques chefs militaires décident de couper court au débat et d’imposer leur décision au Président.
La « décennie noire » entre 1991 et 2002
La tragédie commença en décembre 1991, quand le gouvernement annula immédiatement les élections législatives après les résultats du premier tour, anticipant une victoire du Front islamique du salut (FIS), craignant de perdre le pouvoir et que ce dernier mette en place une république islamique.
Après l’interdiction du FIS et l’arrestation de milliers de ses membres, différents groupes de guérilla islamiste émergèrent rapidement. Le 11 janvier 1992, sous le coup de force de ces généraux et chefs militaires dits « janviéristes », l’armée annula les élections, forçant le président Chadli Bendjedid à démissionner lors d’un discours télévisuel. Le 12 janvier, les généraux « janviéristes » décident de transférer le pouvoir présidentiel à un Haut Comité de Sécurité qui devait servir de comité de conseil présidentiel. Le lendemain, ce comité décide d’annuler les élections législatives et de créer le Haut Comité d’État (HCE) qui est une présidence collégiale opérant jusqu’à la fin du mandat de Bendjedid, en décembre 1993. Le HCE rappelant de son exil le combattant de l’indépendance Mohammed Boudiaf comme nouveau président de la nouvelle autorité politique chargée de diriger l’État : le Haut Comité d’État. Pour les chefs du coup d’État, Boudiaf était le meilleur choix, d’une part par sa légitimité acquise lors de la guerre d’indépendance, et d’autre part, parce que sa réputation n’avait pas été touchée par les crises politiques de l’Algérie indépendante.
Alors qu’il est au pouvoir, Boudiaf se concentre sur trois objectifs. Le premier objectif de Boudiaf est d’ordre économique. Il s’agit de remettre à flot l’économie algérienne. En effet, avec un dette de 25 milliards de dollars, une croissance économique négative et un fort taux de chômage, l’économie algérienne est en grande difficulté. Or Boudiaf est persuadé que la situation économique délétère est le lit de la montée de l’islamisme et du FIS. Il est donc absolument primordial pour le HCE de relancer au plus vite l’économie nationale. En plus de l’économie, le régime a pour second objectif de réorganiser la classe politique algérienne. Boudiaf entend exclure tout parti politique islamiste, au premier plan duquel le FIS, en renforçant l’article de la Constitution qui interdit tout parti politique dont la base idéologique est religieuse. De la même manière, il entend aussi reconquérir l’électorat ayant voté pour le FIS. D’autre part, Il semble nécessaire à Boudiaf de renforcer le régime en légitimant le HCE et le coup d’État de janvier, tous deux rejetés par les trois partis les plus importants sur l’échiquier politique algérien : Le Front des Forces Socialistes (FFS), le FIS et le FLN. Boudiaf tente donc d’attirer dans son gouvernement des membres de chacun de ces partis. De cette manière, des membres modérés du FIS ont obtenu des ministères, ainsi qu’un membre du parti des forces socialistes. Enfin, comme pour accélérer le processus de modernisation, Boudiaf veut créer une organisation populaire comme cadre pour discuter des difficultés rencontrées par le pays, mais aussi comme plateforme de soutien au régime et au HCE. Cette organisation sera créée dès mai 1992 sous le nom de Rassemblement patriotique national. Enfin, le troisième objectif fondamental de la présidence de Boudiaf est le rétablissement de l’ordre et la sécurité pour les Algériens. Pour cela, de nombreux membres du FIS furent arrêtés : 5 000 d’après les rapports de l’armée, 30 000 (incluant Abdelkader Hachani) selon le FIS et 40000 selon les chiffres avancés par Gilles Kepel. Les prisons étant insuffisantes pour emprisonner tout le monde, des camps furent créés au Sahara, et les hommes qui portaient une barbe craignirent de sortir dans la rue de peur d’être arrêtés en tant que sympathisants du FIS. L’état d’urgence fut déclaré, et beaucoup de droits constitutionnels suspendus. Toutes les protestations furent étouffées. Des organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, signalèrent l’utilisation fréquente de la torture par le gouvernement et la détention de suspects sans charges ni procès. Le gouvernement a officiellement dissous le FIS le 4 mars, alors que l’armée concentrait le pouvoir réel malgré les efforts de Boudiaf.
L’assassinat de Mohamed Boudiaf est survenu le 29 juin 1992 lorsque le président algérien Mohamed Boudiaf a été tué par l’un de ses propres gardes du corps, Lambarek Boumaarafi, présenté officiellement comme un fondamentaliste islamique et un sympathisant du Front islamique du salut (FIS), alors qu’il s’adressait à une réunion publique à Annaba qui a ensuite été diffusée par la télévision nationale.
Il a reçu 3 balles, deux dans la tête et une dans le dos. Il a été président pendant cinq mois, après son retour d’exil au Maroc pour régner sur le Haut Comité d’État qui a émergé comme une alternative constitutionnelle.
En 1995, les pourparlers échouèrent et une nouvelle élection eut lieu, remportée par le candidat de l’armée, le général Liamine Zéroual.
L’armée commit une série de massacres visant des villages entiers, avec un pic en 1997 autour des élections parlementaires, qui furent remportées par un parti nouvellement créé favorable à l’armée, le Rassemblement national démocratique (RND).
Les disparitions forcées en Algérie : un crime contre l’humanité

Cette mobilisation, qui rassemblera des voix de différentes nationalités et horizons, dénonce les atrocités commises par la junte militaire algérienne. Parmi les victimes de ces actes inhumains, on compte:
Les Marocains civils et militaires;
Les expulsés marocains d’Algérie;
Les Mauritaniens;
Les Espagnols des îles Canaries;
Les moines français de Tibhirine;
Les Algériens civils des années de plomb;
Ainsi que d’autres individus, dont un Américain, tombés sous le joug de la répression...

Les familles ne lâcheront pas leur cause
Il est temps que la communauté internationale soit informée de la vérité et de la réalité derrière la propagande. Comme le dit si bien le proverbe, « On peut tromper tout le monde pendant un certain temps et certains pour toujours, mais on ne peut pas tromper tout le monde éternellement ». C’est dans cette optique que cette mobilisation prend tout son sens : réclamer vérité, justice et réparation pour toutes les victimes de ces atrocités.
À travers ce sit-in à Bruxelles, les organisateurs et les participants expriment leur solidarité envers toutes les victimes et appellent à une prise de conscience collective sur la nécessité d’agir pour mettre fin à l’impunité et pour garantir que de tels crimes ne se reproduisent jamais. La lutte pour la vérité, la justice et la réparation demeure un impératif moral et un devoir envers toutes les victimes de violences et d‘oppression.
algérie: Convention sur les disparitions « Oui à la signature, non à la ratification »
Le terme juridique – « disparition forcée » – est peut-être un peu ambigü, mais l’histoire humaine qu’il raconte est simple à comprendre : certaines personnes disparaissent littéralement, de la société et de la vie de leurs proches, lorsque des représentants de l’État (ou des personnes agissant avec le consentement de l’État) les saisissent dans la rue ou à leur domicile, puis le nient ou refusent de dire où elles se trouvent. Il s’agit d’un crime de droit international.
Souvent, ces personnes ne sont jamais libérées et on ignore quel sort leur a été réservé. Les victimes sont fréquemment torturées et craignent constamment d’être tuées. Elles savent que leur famille n’a aucune idée du lieu où elles se trouvent et qu’il est très probable que personne ne va venir les aider. Même lorsqu’elles échappent à la mort et sont finalement relâchées, elles conservent des cicatrices physiques et émotionnelles.
Les Disparitions Forcées en algérie: un crime contre l’humanité
D’après le droit international des droits de l’Homme et le droit international pénal, la pratique des disparitions forcées est qualifiée de crime contre l’humanité lorsqu’elles ont eu lieu dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique à l’encontre d’une population civile en application d’une politique ayant pour but une telle attaque [Article 7 du Statut de Rome et l’article 5 de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées.].
Le rapport « Les disparitions forcées en Algérie : un crime contre l’humanité » démontre que les circonstances dans lesquelles les disparitions forcées ont été perpétrées dans les années 1990 réunissent les critères conduisant à la qualification de crime contre l’humanité annoncées à l’article 7 du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale. En Algérie, la pratique de la disparition a visé des catégories de la population susceptibles aux yeux des services de sécurité d’entretenir des liens avec la mouvance islamiste et/ou de délivrer des informations sur les activités des groupes armés. De même, ces disparitions se sont déroulées dans la grande majorité du pays, seules les 5 grandes wilayas du Sud n’ont pas été touchées.
La qualification de crime contre l’humanité entraîne différents conséquences, comme l’imprescriptibilité, l’interdiction des amnisties et la reconnaissance des droits des victimes à des réparations pleines et entières. De ce fait, les auteurs de disparitions forcées ne peuvent bénéficier d’aucune sorte d’amnistie, ni même de grâce, si elles empêchent la justice de déterminer la culpabilité ou l’innocence des auteurs présumés, comme c’est actuellement le cas des dispositions de l’ordonnance 06-01 portant sur l’application de la Charte. L’Etat doit également réparer intégralement et de manière adéquate les préjudices des victimes de disparitions forcées et de leurs proches. De nos jours, cette indemnisation en Algérie est conditionnée à la délivrance d’un jugement de décès du disparu, ce qui ne satisfait pas les critères posés.
L’enjeu principal auquel renvoie la question de la réelle nature du crime que constituent les disparitions forcées en Algérie est celui de la lutte contre l’imputé. Aujourd’hui à la lumière de ce rapport, le CFDA demande aux autorités algériennes:
D’accomplir son obligation de mener des enquêtes immédiates, exhaustives et impartiales sur chaque cas de disparition.
De rechercher, poursuivre et sanctionner les auteurs de disparitions forcées.
De mettre en œuvre des réparations intégrales et de manière adéquate pour les préjudices des victimes des disparitions forcées et de leurs proches.
D’adopter des garanties de non répétition de crimes.
Convention sur les disparitions
La Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées est entrée en vigueur en 2010. Son objectif est de prévenir les disparitions forcées, de faire toute la lumière lorsqu’elles surviennent, et de garantir que les rescapés et les familles de victimes obtiennent justice et réparations. Cette Convention est l’un des traités adoptés par les Nations unies qui vont le plus loin sur le plan des droits humains.
Oui à la signature, non à la ratification
Ce n’est pas pour rien si l’on distingue signature et ratification. « La simple signature par un Etat ne fait pas entrer la convention dans le droit interne », explique Jacques Fierens, juriste et philosophe spécialisé. Autrement dit, se contenter de signer la convention n’oblige en aucun cas l’Etat à appliquer les dispositions qui y sont prévues.
L’Algérie, l’a seulement signée, sans la ratifier, la mafia militaro-politico-financière algérienne n’aiment pas avoir le regard d’une instance extérieure sur leur droit interne.
L’Algérie a signé la Convention le 6 févr 2007. Mais la ratification ne suit pas, et par conséquent, les dispositions de la convention n’ont pas force obligatoire en Algérie. Si certains des droits qu’elle garantit sont bafoués sur le territoire algérien, les citoyens ne peuvent s’en prémunir devant les tribunaux.
La signature est un simple engagement politique. La ratification implique la mise en œuvre de cette convention, en mettant en place des services, en adoptant certaines mesures, en faisant appliquer les dispositions de la convention devant les juges.
L’article 2 définit la disparition forcée comme « l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État, suivi du déni de la reconnaissance de la privation de liberté ou de la dissimulation du sort réservé à la personne disparue ou du lieu où elle se trouve ». L’article 24 définit la « victime » comme la personne disparue et toute personne physique ayant subi un préjudice du fait d’une disparition forcée. On demande de garantir à la victime d’une disparition forcée le droit d’obtenir réparation et d’être indemnisée rapidement, équitablement et de manière adéquate (section 4). Le droit d’obtenir réparation couvre aussi les dommages matériels et moraux ainsi que le cas échéant, d’autres formes de réparations telles que
a) la restitution,
b) la réadaptation,
c) la satisfaction, y compris le rétablissement de la dignité et de réparation,
d) des garanties de non-répétition.
Pour la vérification de la mise en œuvre des dispositions prévues par la Convention, celle-ci prévoit l’institution d’un Comité des disparitions forcées. Les États parties s’engagent à remettre régulièrement à ce Comité un rapport concernant les mesures qu’ils ont adoptées pour donner effet aux dispositions de la Convention.
La Convention est l’un des traités obligeant les États à poursuivre ou extrader (aut dedere aut judicare) les suspects se trouvant sous leur juridiction en application de la compétence universelle obligatoire (articles 9 et 11).

Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées
New York, 20 décembre 2006
Entrée en vigueur:
23 décembre 2010, conformément au paragraphe 1 de l’article 39 qui se lit comme suit : «La présente Convention entrera en vigueur le trentième jour après la date du dépôt auprès du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies du vingtième instrument de ratification ou d’adhésion.».
Enregistrement:
23 décembre 2010, No 48088
État:
Signataires : 98. Parties : 63
Texte: Exemplaire certifié conforme
Nations Unies, Recueil des Traités, vol. 2716,p. 3;Doc.A/61/448; C.N.737.2008.TREATIES-12 du 2 octobre 2008 (Proposition de corrections du texte original de la Convention (Textes authentiques anglais, arabe, chinois, espagnol, français et russe) et des exemplaires certifiés conformes) et C.N.1040.2008.TREATIES-20 du 2 janvier 2009 (corrections).
Note:
La Convention susmentionnée a été adoptée le 20 décembre 2006 au cours de la soixante-et-unième session de l’Assemblée générale par la résolution A/RES/61/177. Conformément à l’article 38, cette Convention sera ouverte à la signature de tous les États Membres de l’Organisation des Nations Unies. La Convention susmentionnée sera ouverte à la signature à Paris (France) le 6 février 2007 et par la suite au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York.

Les “disparitions forcées” de la décennie noire en Algérie
Le sombre héritage du conflit interne des années 1990, déclenché par l’annulation des élections législatives de 1992 que le Front islamique du Salut (FIS) était sur le point de remporter, pèse encore très lourd sur la société algérienne. Une série de décrets d’amnistie promulgués par les autorités a privé les victimes et leur famille de leurs droits à la vérité et à la justice. L’incapacité persistante des autorités algériennes de s’attaquer à l’impunité dont bénéficient les responsables des violations et atteintes graves aux droits humains commises dans le cadre du conflit interne des années 1990 compromet une véritable réconciliation et une paix durable…
Pendant la décennie noire des années 90 la pratique des enlèvements a fait partie des méthodes de guerre, comme cela avait été le cas pendant la guerre d’indépendance: environ 8000 personnes ont été officiellement portées « définitivement disparues » par l’État algérien. Un chiffre largement sous-estimé selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) et d’autres ONG qui évaluent à 18.000 le nombre de disparus. Il y a peu de doutes que la quasi totalité de ces disparus sont en fait morts et gisent dans des charniers creusés à travers tout le pays. Depuis 1998, tous les mercredis, quelques dizaines de femmes algériennes se rassemblent devant le siège de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH) à Alger, avec les photos de leurs disparus à bout de bras. La CNCPPDH est la commission dont l’État s’est doté en espérant convaincre le peuple algérien et les organismes internationaux que la question des droits de l’homme est au cœur de sa politique. Celles qu’on appelle les mères de disparus demandent à l’État de répondre à leurs questions :
où est mon fils (mari, frère…) ?
Fait-il partie des corps qu’on trouve à chaque fois qu’un charnier est découvert ?
Qui l’a enlevé ?
Comment est-il mort ?
Pour toute réponse elles ont droit aux barrages de policiers ou aux dispersions violentes de leur rassemblement comme ce fut le cas en aout 2010. Elles ont droit aussi aux déclarations à la presse de Farouk Ksentini, le président de la CNCPPDH installé par Bouteflika. Selon Ksentini « la plupart de ces disparus ont pris le maquis, ce sont des terroristes » ; le même accuse les familles de vouloir ressortir d’anciens dossiers qui peuvent nuire à la « notoriété de l’État algérien ».
« Je demande juste les os de mon fils » : le combat des mères algériennes pour obtenir la vérité sur leurs enfants disparus.
Durant les années 1990 en Algérie, période communément appelée « la décennie noire », plusieurs violences commises par les agents des services de sécurité de l’État aboutissent à des disparitions forcées. Les familles et les proches des victimes vont d’emblée former des associations et se mobiliser afin de réclamer à l’État algérien des informations, constituer les dossiers individuels des disparus, puis vont se tourner vers les institutions internationales. Limités par la loi de 2012 sur les associations, les familles et les proches dont les actions, les rassemblements et les rituels de deuil sont bien souvent prohibés.
Une Charte qui a tenté d’acheter le silence des familles de disparus
Le 29 septembre 2005, une Charte dite « pour la paix et la réconciliation nationale » a été instituée pour tenter de tourner une page très embarrassante pour l’Etat algérien.
Durant la guerre des années 1990, plusieurs milliers de personnes ont été victimes de disparitions forcées perpétrées par les agents de l’Etat. La Charte a été adoptée et imposée aux Algériens et Algériennes sans aucun débat sur son contenu. La Charte a nié aux familles de disparus leur droit à connaître la vérité et à obtenir justice, notamment en amnistiant tous les responsables de crimes commis durant cette période. Cette Charte dont les dispositions sont contraires aux droits de l’Homme, et prône l’impunité, a entériné une paix de facto basée sur une absence totale de véritable réconciliation, de justice et de vérité.
Elle empêche les familles de victimes de déposer plainte et de poursuivre des procédures judiciaires à l’encontre d’agents de l’Etat pour des crimes commis pendant les années 1990, de par son art. 45.
La Charte oblige les victimes à déclarer leurs proches disparus décédés sans qu’aucune enquête ne soit menée, afin de toucher une indemnisation qui ne viendra jamais réparer le préjudice subi. Les familles et amis de disparu-e-s vivent dans un espoir latent que leurs proches franchiront un jour de nouveau le seuil de la maison et sont dans l’incapacité total de faire leur deuil.
Cette Charte – recouvrant la décennie noire d’une chape de plomb supplémentaire – fait la démonstration d’un Etat algérien responsable des disparitions forcées mais qui refuse de le reconnaître. Malgré cela, le CFDA et Sos Disparus continueront de se battre inlassablement contre ces mesures et pour enfin obtenir justice et vérité.
Les hauts responsables algériens doivent entendre, que derrière ces revendications, il y a des mères, des pères, des sœurs, des frères, des conjoints qui subissent la perte d’un être aimé et que cette injustice ne doit pas être une fatalité.
Le CFDA et Sos Disparus appellent à faire table rase de cette indécente impunité et à ouvrir les archives, lancer des enquêtes et rendre justice à tous les disparu-e-s et à leurs familles, afin de refaire une société de façon saine, après cet épisode traumatisant de la guerre civile.
L’Algérie coupable des violations et des disparitions forcées dans les camps de Tindouf
L’ONG internationale Il Cenacolo a saisi le Haut commissariat des droits de l’homme (HCDH) sur l’impunité des auteurs des violations flagrantes des droits de l’homme dans les camps de Tindouf, tenant le régime algérien pour responsable, en vertu du droit international, de tous ces abus et de la pratique, à grande échelle, de la disparition forcée dans lesdits camps.
Dans une déclaration écrite soumise au HCDH, à l’occasion de la 47ème session du Conseil des droits de l’homme, Il Cenacolo, organisation non gouvernementale dotée du statut consultatif spécial, a relevé que la disparition forcée dans les camps de Tindouf est une pratique systématique contre toute personne qui ose exprimer des opinions différentes de celles propagées par la direction du polisario.
L’omerta imposée aux populations de ces camps, la destruction des preuves et l’absence de toute voie de recours judiciaire sont autant de tares qui permettent la perpétuation de la situation d’impunité dont bénéficient les auteurs des atteintes graves aux droits de l’homme aux camps de Tindouf, fait observer l’Organisation, notant qu’aucune mesure n’a été prise pour entreprendre des enquêtes approfondies, impartiales et efficaces à propos de ces disparitions, ou encore pour la poursuite en justice des auteurs de ces crimes commis sur le territoire algérien, dans un total déni par l’Algérie de ses obligations internationales.
« Pour parer au dévoilement des atrocités commises par les dirigeants du polisario et l’armée algérienne contre les populations sahraouies des camps de Tindouf, l’appareil sécuritaire du tandem Algérie-polisario, recourt à la répression systématique de toute personne osant briser le mur de silence imposé aux habitants des camps depuis des années », fait observer Il Cenacolo.
C’est en raison de cette chape de plomb que la revendication du sort des victimes de la disparition forcée aux camps de Tindouf a tardé à surgir et n’a été portée sur la scène publique qu’après le départ de milliers d’habitants qui ont réussi à fuir les camps, et l’émigration de plusieurs autres parmi eux vers l’Espagne, où ils mènent une campagne pour faire prévaloir leur droit de connaître le sort de leurs proches, note la même source.
Les recherches effectuées par une association créée en Espagne par Lemaadla Zrug, présidente de l’ »association sahraouie contre l’impunité aux camps de Tindouf (ASIMCAT) », dont le père a été détenu et torturé à mort au bagne de « Errachid », quelques semaines après sa naissance, a permis d’établir une longue liste de victimes sahraouies des disparitions forcées perpétrées par les dirigeants du polisario en toute impunité sur le territoire algérien, rappelle l’Ong.
L’organisation s’est attardée dans ce sens sur les multiples atrocités subies par les victimes, et les circonstances de leur enlèvement brutal, la violence qui s’en suivait et les lieux de leur séquestration, notant que des survivants souffrent encore des séquelles de ces traitements inhumains et cruels, dont les traces sont encore visibles sur différentes parties de leur corps.
Il Cenacolo dénonce à ce propos l’attitude des dirigeants du polisario et des autorités algériennes qui non seulement refusent de coopérer pour arrêter les auteurs de ces crimes, mais « ils se sont lancés dans une campagne de dénigrement et de calomnie des familles des victimes, en attaquant, via leurs relais sur les réseaux sociaux, toute personne osant s’informer du devenir d’un proche parent disparu aux camps de Tindouf».
L’ONG rappelle également les rapports de l’ONU et d’organisations internationales ayant exprimé « leur profonde préoccupation quant à la dévolution de facto par l’état algérien de ses pouvoirs, notamment juridictionnels, au polisario, notant que cette « dévolution » de facto par l’Algérie de son autorité sur une partie de son territoire au polisario a engendré un vide juridictionnel marqué par une « extraterritorialité illégale » dans les camps.







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