top of page
  • Photo du rédacteurAA

Mozambique: la menace djihadiste, obstacle dans la course au gaz naturel

Mozambique: la menace djihadiste, obstacle dans la course au gaz naturel...

Face aux énormes réserves du pays, les géants mondiaux de l’énergie tentent de relancer des projets pesant des milliards d’euros.

Plongés depuis près d’un an dans l’attente incertaine d’un retour au calme après une attaque djihadiste d’envergure, les géants mondiaux de l’énergie dans la course aux riches réserves en gaz naturel du Mozambique tentent de relancer des projets pesant des milliards.

Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a rencontré lundi le président mozambicain, Filipe Nyusi, à Maputo. Les deux hommes ont refait le même constat que depuis des mois : le contexte sécuritaire ne permet pas de relancer le projet de 16,5 milliard d’euros sur l’océan Indien.

Chez le géant français, le sujet est décrit comme « sensible », la communication est étroitement contrôlée. Une source sécuritaire a toutefois confirmé de récents mouvements sur le site encore inachevé d’Afungi, où la maintenance a repris. La découverte en 2010 des plus grandes réserves de gaz naturel d’Afrique subsaharienne avait fait miroiter au Mozambique une place parmi les 10 premiers exportateurs mondiaux.

La province à majorité musulmane du Cabo Delgado (nord-est) avait alors vu naître trois mégaprojets : Mozambique LNG, consortium opéré par TotalEnergies, Rovuma LNG dirigé par l’américain ExxonMobil et Coral-Sul FLNG mené par l’italien ENI.

Attaque surprise

Assistenza ai profughi a Cabo Delgado (© Kirche in Not)


Fin mars 2021, une attaque surprise sur la petite ville côtière de Palma a suspendu jusqu’à nouvel ordre l’énorme projet de Total, situé à seulement quelques kilomètres. « TotalEnergies doit revenir cette année s’il veut atteindre son nouvel objectif de production en 2026 », estime à Maputo le chercheur de l’Institut d’études de sécurité (ISS), Borges Nhamirre.

Un des trois projets semble aujourd’hui pouvoir tirer son épingle du jeu. L’italien ENI, qui a misé sur la liquéfaction du gaz en pleine mer, a déclaré à l’AFP maintenir son objectif de production au second semestre 2022.

Le navire Coral Sul, première plateforme de liquéfaction de gaz naturel en mer déployée dans les eaux profondes du continent africain, d’une capacité annuelle de production de 3,4 millions de tonnes, est arrivé au large du Mozambique en janvier. Sur la question sécuritaire, l’entreprise à la tête du projet de 6,2 milliards d’euros assure simplement « travailler en étroite collaboration avec le gouvernement ».

Selon les spécialistes, les opérations offshore d’ENI sont à moindre risque. « Les risques d’attaques en mer sont très faibles. En quatre ans de violences, il n’y pas eu d’attaque en mer sauf contre quelques pêcheurs près de la côte », souligne Borges Nhamirre.

Contexte sécuritaire

Le projet d’ExxonMobil est quant à lui au point mort. La construction des installations d’une capacité annuelle de 15,2 millions de tonnes n’a pas démarré et le groupe américain ne semble pas vouloir bouger avant une amélioration du contexte. « Maputo est déterminé à voir ces projets aboutir, le gouvernement a besoin de l’argent », souligne Alexandre Raymakers, analyste au cabinet britannique de conseil en risques Verisk Maplecroft.

Le gouvernement lorgne sur des milliards de revenus annuels grâce aux projets gaziers, une manne pour le pays dont le PIB est de quelque 13 milliards d’euros. Depuis six mois, l’armée mozambicaine en difficulté est épaulée par au moins 3 000 soldats de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et du Rwanda.

« L’arrivée de troupes régionales a permis à Maputo de briser la montée des violences, mais il est peu probable qu’elles prennent le dessus dans les 12 prochains mois », estime Alexandre Raymakers. Selon lui, les forces régionales n’ont pas les moyens : « Soutien aérien limité, peu d’hélicoptères, il s’agit principalement d’infanterie légère ».

Tactique de guérilla

Et les djihadistes se sont adaptés depuis leur arrivée: retranchés dans la province voisine de Niassa, ils mènent des attaques sporadiques désormais calquées sur une tactique classique de guérilla. En janvier, l’ONG Acled a recensé une trentaine d’incidents violents.

Filipe Nyusi assure faire des progrès dans la guerre contre les djihadistes. Mais selon les observateurs, la racine du problème est ailleurs. A environ 2 000 km de Maputo, la province du Cabo Delgado est une des plus pauvres : le manque d’infrastructures et de débouchés pour les jeunes ont créé un ressentiment qui remplit les rangs des groupes armés.

L’Etat islamique continue sans relâche d’étendre ses métastases en Afrique.

Le 4 juin 2019, la propagande de l’Etat islamique revendique pour la première fois une opération armée au Mozambique, sous le label de sa nouvelle province Afrique centrale, qui depuis avril se limitait à la seule République Démocratique du Congo (RDC). L’ouverture de ce nouveau front par la propagande de l’EI pose la question, là encore, de la connexion avec le groupe local, Ansar al-Sunnah, jusqu’ici silencieux sur ses opérations dans la province de Cabo Delgado au nord du Mozambique. Toutefois, après quelques mois, on peut non seulement affirmer que le groupe djihadiste a bien une connexion avec ce groupe, et qu’il en assure la propagande, mais que des liens physiques existent probablement entre le groupe au Mozambique et celui en RDC (ADF).

Ansar al-Sunnah n’est pas un inconnu pour les spécialistes intéressés par ces questions. Ce groupe, que les locaux appellent d’ailleurs « Shebaab » en référence aux djihadistes somaliens loyaux à al-Qaïda, est d’abord une organisation religieuse, apparue dans le Cabo Delgado en 2015, puis qui s’est militarisée. Elle est inspirée au départ par Aboud Rogo Mohammed, un religieux kenyan radical, lié aux attentats de Nairobi et Dar es-Salam en 1998, suspecté d’être un financier des Shebaab somaliens, et abattu au Kenya en 2012. Les premiers membres d’Ansar al-Sunnah ont poursuivi son oeuvre à Kibiti, au sud de la Tanzanie, avant de s’installer au Mozambique, chassés par les autorités en août 2017 parce qu’ils avaient établi un réseau de trafic de drogue, selon certaines sources. La province du Cabo Delgado est idéale: elle comprend une forte proportion de musulmans (58% de ceux présents dans la province), un fort taux de chômage et elle est sous-développée économiquement parlant.

Le groupe commet sa première attaque d’envergure en octobre 2017: il assaille le port de Mocimboa da Praia, s’empare de postes de police, d’armes et de munitions avant de se retirer. Sur la trentaine d’assaillants, 14 auraient été tués, ainsi que deux policiers. Des fusils d’assaut et des documents en arabes sont découverts sur les corps. Par la suite, le groupe attaque les villages, forçant les habitants à partir, entre dans les mosquées pour prêcher un discours radical, quand il ne crée pas lui-même ses propres mosquées pour ce faire. Ansar al-Sunnah met aussi en péril l’exploitation du gaz dans la province, prometteuse suite à de récentes prospections. Anadarko, la firme leader dans le projet, aurait suspendu ses activités à Palma en juin 2018 en raison des mauvaises conditions de sécurité. L’assaut sur Mocimboa da Praia et la riposte de l’armée qui s’ensuite (bombardement, arrestations massives, etc) pousse le groupe à changer de tactique et à frapper des cibles civiles dans le sud du Cabo Delgado. Se servant du parc des Quirimbas comme refuge, il attaque désormais les villages entre les localités de Palma et Pemba. En mai-juin 2018, Ansar al-Sunnah lance des raids sur les villages, tue et décapite parfois les habitants, incendie les maisons et brûle les véhicules. Les attaques sont commises par des groupes de deux ou trois hommes armés de machettes et de fusils d’assaut qui tentent aussi de rançonner les habitants; ils volent le bétail, ce qui indique peut-être un financement par ce biais. En novembre 2018, on estimait que le groupe avait tué 90 personnes, contre seulement 14 en 2017. Ansar al-Sunnah compterait alors un millier d’hommes, et pas seulement du Mozambique, puisque des Tanzaniens rejoignent aussi le groupe, ainsi que des Ougandais, par exemple. Il serait alors divisé en une vingtaine de cellules comprenant au moins 20 hommes chacune.

L’interprétation radicale du groupe semble être fournie par des expatriés partis au Soudan, en Arabie saoudite et dans les pays du Golfe et qui sont revenus avec ce bagage. Les deux chefs du groupe, des locaux, seraient Nuro Adremane et Jafar Alawi. Ansar al-Sunnah produit une première vidéo en janvier-février 2018 qui appele à rejoindre le groupe et espère l’instauration de la charia à tout le Mozambique. Le groupe se finance via les trafics de bois et de rubis, qui généreraient respectivement 3 et 30 millions de dollars, ce qui paraît exagéré à certains. Ansar al-Sunnah se trouve aussi, au Cabo Delgado, dans une plate-forme d’envois d’héroïne vers l’Europe et l’Afrique du Sud, sans compter les activités de contrebande impliquant Chinois, Vietnamiens et autres acteurs. Le groupe se finance aussi via des donations électroniques: l’argent sert au recrutement et à financer les voyages de ses chefs spirituels, en Tanzanie et à Mocimboa da Praia au Mozambique. Certains jeunes auraient vendu leur bien pour partir s’entraîner en Somalie et revenir au Mozambique; la formation serait également assurée par des déserteurs de la police. Le recrutement se ferait essentiellement dans les mosquées radicales et par les liens familiaux, moins par la propagande, le nombre de vidéos et autres documents restant limité. Ansar al-Sunnah cible en particulier le petit groupe ethnique des Kimwani de la province du Cabo Delgado.

En soi, la revendication de l’Etat islamique du 4 juin 2019 n’a donc rien de surprenant, car des liens semblent existent entre les ADF, dont l’ensemble ou une partie est désormais rallié à l’EI, et Ansar al-Sunnah. En mai 2018, la Tanzanie avait pris un camp de ce dernier groupe dans le Mocimboa da Praia, et avait capturé Abdul Rahman Faisal Nsamba, un Ougandais qui dirigeait la mosquée Usafi de Kampala, visée par les forces ougandaises comme bastion des ADF en 2017. Certains arrêtés en Ouganda en 2017 l’ont d’ailleurs également été au Mozambique en 2018… Via les trafics de contrebande, il y aurait donc un lien possible entre les deux branches de la province Afrique centrale de l’Etat islamique. Dès cette époque, une image circulait chez les partisans de l’EI montrant les combattants du Mozambique et les qualifiant de « soldats du califat », annonçant qu’un serment d’allégeance (ba’yah) à Abou Bakr al-Baghdadi allait bientôt suivre. Ansar al-Sunnah aurait également des liens avec des combattants tanzaniens en Somalie.

La première revendication d’attaque reste encore imprécise sur le plan géographique: il est question du village de Metobe dans la région de Mocimboa. Toutefois l’événement correspondrait bien à une opération de râtissage de l’armée du Mozambique, le 2 juin, à Ntoto, à 30 km au sud de Mocimboa da Praia, où une contre-attaque d’Ansar al-Sunnah aurait entraîné des pertes au sein de l’armée. Une semaine plus tôt, le 28 mai, des assaillants avaient attaqué un camion dans le district côtier de Macoma, au sud de Mocimboa da Praia, avec des grenades improvisées, tuant 16 personnes dont trois soldats assurant la protection du camion. Le 4 juin, l’Etat islamique diffuse les photos de la ghanima (butin) récupéré lors la contre-attaque contre l’armée: obus de mortier, mitrailleuse de type PKM, lance-roquettes RPG-7, roquettes chinoises HEAT-II et HEI-AP pour lance-roquettes Type 69, fusil d’assaut est-allemand Mpi-KMS-72, AKMS est-allemand, de nombreux chargeurs pour les fusils d’assaut, des denrées. Une des photos illustre d’ailleurs le texte sur la province Afrique centrale dans la lettre hebdomadaire al-Naba de l’EI n°185 le 6 juin.

Le 5 juillet, l’Etat islamique revendique une nouvelle attaque sur une caserne de l’armée à Nangade, dans le nord du Mozambique. Le lendemain, le groupe diffuse la photo du butin récupéré lors de l’attaque: six fusils d’assaut Type 56-1, des chargeurs, deux roquettes PG-7V pour RPG-7, 2 obus de mortier de 60 mm. L’opération est relatée dans le numéro 190 d’al-Naba (11 juillet). Le 24 juillet, l’organisation djihadiste diffuse le 11ème volet de sa série vidéo d’allégeance ou de renouvellement d’allégeance des provinces en dehors la Syrie et de l’Irak, qui concerne l’Afrique centrale. Si c’est essentiellement la RDC qui est mise à l’honneur, nous pouvons voir à la fin de la vidéo une trentaine de combattants, au Mozambique, prêter allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, ce qui sanctionne les liens entre Ansar al-Sunnah et l’EI – sans que l’on sache, comme pour les ADF en RDC, s’il s’agit d’une faction du groupe ou de l’ensemble.

Au Mozambique, les djihadistes viennent de s’emparer d’un très important port, celui de Mocimba da Praia, au bord du canal du Mozambique.

Des djihadistes se sont emparé, ce mercredi 12 août 2020, de l’important port de Mocimba da Praia, dans le nord du Mozambique, riche en gaz, après une série de récentes attaques dans cette région, selon un site d’information local, ce qu’a confirmé une source militaire à l’AFP.

« Le port Mocimboa da Praia a été pris par des terroristes à l’aube », mercredi, selon le site Moz24Horas, information confirmée à l’AFP par une source militaire qui a indiqué que « Mocimboa da Praia est tombé » aux mains des djihadistes.

Mocímboa da Praia est une ville portuaire du nord du Mozambique, située au bord de l’Océan indien. Elle est le chef-lieu du district de Mocímboa da Praia dans la province de Cabo Delgado et fait office de poste-frontière pour les voyages à destination et en provenance de Tanzanie.

Mocímboa da Praia est située au bord du canal de Mozambique (océan Indien), à 1.820 km (2 664 km par la route) au nord-est de Maputo. La ville se trouve à l’embouchure du Rio Mazuma et au fond de la baie de Mocímboa da Praia.

La ville était importante pendant la période coloniale en raison de son port, dédié à l’exportation des ressources naturelles du Mozambique, et de sa proximité avec le Tanganyika au nord. Mocímboa da Praia se voit officiellement décerner le statut de vila, le 7 mars 1959.

La prise du port stratégique de Mocimboa da Praia, au Mozambique, par des militants islamistes soulève l’inquiétude chez les pays voisins. La question sera centrale, en Août 2020, au sommet annuel de la Communauté de développement d’Afrique australe.

Le conflit à huis clos qui déchire le nord du Mozambique depuis 2017 a pris un nouveau tournant, mercredi 12 août, lorsqu’un groupe d’hommes armés a pris le contrôle du port de Mocimboa da Praia et mis en déroute l’armée mozambicaine. C’est la première fois que les insurgés jihadistes, présents dans la province du Cabo Delgado, à la frontière avec la Tanzanie, arrivent à prendre et conserver un lieu aussi stratégique.

L’inquiétude grandit depuis plusieurs mois dans ce pays d’Afrique australe et chez ses voisins. Le groupe jihadiste, connu sous le nom d’Ahlu Sunna wal Jamaa, ou « Chabab » (sans lien direct avec les Shebab somaliens) qui, jusque-là, accumulait les escarmouches avec les forces de l’ordre et les attaques de village, a prêté allégeance à l’organisation État islamique en 2019 et monte en puissance. « Nous les avons vus au cours des 12 à 18 derniers mois développer leurs capacités, devenir plus agressifs et utiliser des techniques communes dans d’autres parties du monde et qui sont associées [au groupe] État islamique », a déclaré, début août, le chef des opérations spéciales américaines en Afrique, le général Dagvin Anderson.

L’horreur sur un terrain de foot au Mozambique: une cinquantaine de civils décapités

Plus de 50 civils mozambicains ont été décapités, plusieurs d’entre eux démembrés, lors d’une nouvelle attaque terroriste dans la province du Cabo Delgado.

Un nouveau cap dans l’horreur a été franchi. Plusieurs médias, dont le site lusophone Plataforma Media,, le bulletin mozambicain Media Fax ou encore la chaîne britannique BBC rapportaient ce mardi 10 novembre que “plus de 50 Mozambicains ont été décapités par des terroristes dans le Cabo Delgado”. Les faits, qui avaient été rapportés vendredi 7 novembre par le site d’informations mozambicain Pinnacle News..

Selon les informations locales recueillies, des “militants islamistes radicaux” affiliés à Daesh, qui sévissent dans cette province riche en gaz depuis 2017, ont attaqué le district de Muidumbe aux cris de “Allah Akbar” pour chasser la population, avant de s’approvisionner, d’incendier des habitations et de s’enfuir.

Les civils capturés ont été conduits sur un terrain de foot tout proche, pour y être décapités et, pour certains, démembrés. La plupart étaient des adolescents tout juste circoncis, après avoir participé à une cérémonie d’initiation masculine.

Une première incursion sanglante en Tanzanie

Pinnacle News avance le nombre de 51 victimes après ce nouvel assaut barbare. Mediafax, de son côté, ajoute qu’il est “difficile d’obtenir des informations précises” en raison du sabotage des réseaux de téléphonie par les terroristes. Dans un entretien à la Deutsche Welle, le service international de diffusion allemand, Luiz Fernando Lisboa, l’évêque de Pemba, la capitale régionale de la province du Cabo Delgado, confirme qu’ ”il y a bien eu des décapitations, mais il est impossible de définir le nombre de victimes”. Le mois dernier, 300 de ces “militants islamistes” s’étaient affranchis de leur zone d’influence du Cabo Delgado pour aller mener leur première grande attaque dans le sud de la Tanzanie, dans la ville de Kitaya, rapportait le 19 octobre le journal Carta de Moçambique. Plus de 20 civils et soldats avaient été décapités. L’attentat avait été revendiqué par la branche d’Afrique centrale du groupe Etat islamique (Iscap).

A lire aussi:

0 vue0 commentaire
bottom of page