L'indice d'opacité financière 2025 (ONG Tax Justice Network): le Royaume du Maroc progresse, l'algérie stagne
- gherrrabi
- il y a 5 heures
- 5 min de lecture

L’ONG britannique Tax Justice Network a publié le 3 juin 2025 son Indice d’opacité financière mondiale, mettant en lumière des lacunes majeures dans la transparence financière de plusieurs pays africains. L’Algérie se trouve malheureusement parmi les pays les plus mal classés du continent, occupant la 33e position mondiale malgré un secteur financier relativement modeste, évalué à 336,5 millions de dollars.

L'Algérie présente une opacité financière élevée, notamment en raison de sa forte dépendance aux hydrocarbures, de la lenteur de la justice, de la corruption et de réformes financières insuffisantes. Le système bancaire, en particulier les banques publiques, est sujet à des pressions pour accorder des crédits non conformes aux procédures. Des critiques soulignent aussi le manque de transparence dans les budgets, notamment celui de la défense.
Contrairement aux indices de corruption traditionnels, cette étude évalue spécifiquement la facilité de réaliser des transactions dissimulées et l’étendue des services financiers utilisés à ces fins. L’Algérie souffre particulièrement d’un manque de mécanismes robustes assurant la transparence, ce qui explique son classement décevant parmi les nations africaines évaluées.
Rien n'a changé

Des pertes considérables pour le continent africain
Bien que les pays africains jouent un rôle relativement mineur dans l’opacité financière mondiale par rapport aux grandes puissances économiques, les pertes subies restent énormes. Kevin Chika Urama, économiste en chef de la Banque africaine de développement, souligne que l’Afrique perd annuellement jusqu’à 513 milliards de dollars à travers ces flux financiers illicites, représentant un manque à gagner dramatique pour le développement du continent.
Certaines nations africaines montrent cependant qu’une meilleure performance est possible. Le Botswana se distingue particulièrement, se classant premier en Afrique et 11e mondial, prouvant sa capacité à contrôler les abus financiers tout en maintenant un secteur bancaire sain. Le Rwanda et la Gambie suivent cette tendance positive, occupant respectivement les 118e et 117e positions mondiales.
Les véritables centres d’opacité financière
En exposant ces zones d’ombre, l’objectif est de stimuler les réformes indispensables pour protéger les nations vulnérables comme l’Algérie contre l’hémorragie massive de leurs ressources, visant ultimement une justice financière mondiale renforcée.
Le Maroc progresse en transparence, mais doit encore renforcer ses contrôles

Le Maroc figure à la 63ᵉ position mondiale dans le dernier classement du secret financier établi par l’ONG Tax Justice Network. Ce score reflète la capacité du pays à préserver la confidentialité dans ses activités financières offshore, tout en soulignant des progrès et des faiblesses dans la lutte contre l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.
Le Maroc se classe à la 63ᵉ place sur 133 pays dans l’édition 2025 de l’Indice de secret financier (Financial Secrecy Index - FSI), publié par l’organisation indépendante Tax Justice Network. Le Royaume enregistre un score de secret de 45, ce qui le situe dans une zone intermédiaire du classement mondial, traduisant une transparence partielle, mais encore loin des standards les plus rigoureux.
Le score de 45 signifie que le Maroc est responsable de 0,01 % du marché mondial des services financiers offerts à des non-résidents, utilisés pour dissimuler des avoirs, échapper à l’impôt ou blanchir des fonds. Ce chiffre relativement modeste reflète un impact limité sur le secret financier mondial, mais souligne néanmoins certaines faiblesses réglementaires.
Des avancées notables
Selon le Tax Justice Network, le Maroc :
Participe à l’échange automatique d’informations fiscales, en vertu de la norme commune de déclaration de l’OCDE.
Dispose d’un cadre légal pour l’identification des bénéficiaires effectifs, même si l’accès à ces données reste partiellement restreint.
A amélioré la régulation de son secteur bancaire, en particulier vis-à-vis des clients étrangers.
Ces efforts s’inscrivent dans une volonté de se conformer aux normes internationales de transparence et de lutte contre les flux financiers illicites.
Des zones d’ombre à surveiller
Malgré ces progrès, plusieurs limites persistent :
L’absence de registre public pleinement accessible sur les propriétaires réels d’entreprises.
Des exigences limitées en matière de transparence fiscale pour les sociétés et fiducies.
Une surveillance encore insuffisante dans certains secteurs à risque, notamment les professions intermédiaires (avocats, comptables, notaires).
Pour le Maroc, ces résultats constituent un levier stratégique dans sa politique de développement économique et d’attractivité internationale. Renforcer la lutte contre l’évasion fiscale, garantir l’accès public aux données économiques clés, et assurer une surveillance rigoureuse des flux financiers deviennent des priorités pour accompagner la montée en puissance du pays dans les chaînes de valeur mondiales.
Le Maroc mieux classé que la plupart de ses voisins nord-africains
À l’échelle régionale, le Maroc se positionne de manière plutôt favorable en matière de transparence financière. Avec une 63ᵉ place mondiale et un score de secret de 45, il devance plusieurs pays arabes et africains, notamment l’Algérie (71ᵉ) et la Tunisie (87ᵉ).
Sur le plan arabe, les Émirats arabes unis restent l’un des centres financiers les plus opaques du monde, avec une 9ᵉ position et un score de 74. Le Qatar (27ᵉ) et l’Arabie saoudite (55ᵉ) sont également classés parmi les pays à forte opacité, bien que certaines réformes soient en cours. L’Afrique du Sud, avec une 60ᵉ place et un score de 46, présente un niveau de transparence proche de celui du Maroc, tout en étant plus exposée au marché mondial.
Les pays les plus opaques en 2025 sont les États-Unis (1er), les Îles Caïmans et la Thaïlande, alors que les juridictions les plus transparentes incluent la Norvège, la Finlande et la Slovénie.

Deux raisons principales de la complicité dans l’opacité financière
L’indice de secret financier est un classement des pays qui contribuent le plus à aider les particuliers à dissimuler leurs finances à la justice. L’indice évalue la marge de manœuvre laissée par les lois et réglementations d’un pays en matière de secret financier – c’est le “Score d’opacité” du pays. L’indice surveille également le volume des services financiers fournis par le pays aux résidents d’autres pays – c’est le “poids à l’échelle mondiale” du pays.
Ces deux facteurs sont ensuite combinés pour déterminer le rôle joué par le pays dans la facilitation du secret financier à l’échelle mondiale – c’est la “valeur du FSI” du pays et c’est sur cette base que le pays est classé.
Comment l’indice classe les pays
L’Indice d’Opacité Financière évalue minutieusement les lois des juridictions et surveille le volume des services financiers fournis par celles-ci aux résidents d’autres pays, afin de dresser un tableau clair des plus grands facilitateurs d’opacité financière sur les sociétés dans le monde.
Score d’opacité
Mesure la marge de manœuvre laissée par les lois et réglementations de la juridiction en matière d’opacité financière, qu’ils soient intentionnels ou non. Les scores vont de 0 (aucune marge de manœuvre pour l’opacité financière) à 100 (marge de manœuvre illimitée pour l’opacité financière). L’évaluation se fait sur la base de plus de 100 questions réparties en 20 indicateurs.
Score élevé = la législation de la juridiction laisse beaucoup de place au secret financier

Score faible = la législation de la juridiction laisse peu de place au secret financier

Le poids à l’échelle mondiale
Mesure le volume des services financiers fournis par une juridiction aux résidents d’autres pays. Exprimé en pourcentage de l’ensemble des services financiers offshore fournis à l’échelle mondiale. Basé sur les données du FMI.
La juridiction fournit 1,2 % des services financiers offshore mondiaux

Valeur de l’indice d’Opacité Financière (Valeur du FSI)
Combine le score d’opacité et le poids de l’échelle mondiale pour déterminer l’importance du rôle joué par la juridiction dans la facilitation d’opacité financière à l’échelle mondiale. Les juridictions sont classées dans l’indice en fonction de cette valeur.
Valeur élevée = grande contribution au secret financier

Faible valeur = faible contribution au secret financier

Part de l’indice d’Opacité Financière (Part du FSI)
Mesure la part de l’ensemble d’opacité financière activé dans le monde entier dont la juridiction est responsable. Calculé en divisant la valeur du FSI de la juridiction par la somme des valeurs du FSI de toutes les juridictions.
Permet 1,6 % du secret financier au niveau mondial

L’indice d’opacité financière est utilisé par les gouvernements, les organismes internationaux, les journalistes, les universitaires et les activistes pour mieux comprendre et combattre l’opacité financière au niveau mondial.
Commentaires