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Algérie - Les décennie noires: l’imam de la mosquée Ibn Abi Talib n'est plus! Enlèvement Ali Belhadj


Une « décennie noire » « s’achève ». Une autre se prépare !

Le scénario de la «décennie noire «Bis»», la «décennie sanglante» se dessine: arrestations, assassinats, limogeages…

L’assassinat politique est une vieille arme de guerre, que le Pouvoir algérien a perfectionnée avec le temps. Il l’a cultivé jusqu’à en faire sa principale réponse devant l’adversité politique et toutes les formes d’oppositions, de dissidences intellectuelles ou de contestations sociales.

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L’imam poignardé à Maghnia a succombé à ses blessures

Poignardé dimanche dernier, l’imam de la mosquée Ibn Abi Talib de Maghnia dans la wilaya de Tlemcen est décédé ce jeudi 27 avril, rapportent plusieurs médias.

Le défunt Saïd Tamtiri avait été poignardé, dimanche après la prière du Dohr à la sortie de la mosquée Ali Ibn Abi Talib où il officiait en tant qu’imam. Opéré en urgence pour une blessure grave au niveau des poumons, l’imam poignardé s’est éteint ce jeudi au CHU Tidjani Haddam de Tlemcen. Le médecin traitant au niveau de l’hôpital avait exprimé à "ElHimarTV" ses préoccupations concernant l’état de l’imam. Il avait indiqué que la victime touchée au poumon par le coup de couteau devait subir une intervention d’urgence, ce qui indiquait que sa situation était inquiétante.

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La « décennie noire » reste un traumatisme profond pour l’Algérie.

En quoi cette tragédie peut-elle nous aider à éclairer le présent et à comprendre une forme d’immobilisme dans l’Algérie politique d’aujourd’hui et de demain?

La poussée électorale du Front islamique du salut (FIS) amène le gouvernement à suspendre le processus démocratique et à décréter l’état d’urgence. C’est le début d’une longue crise:

  1. assassinats,

  2. attentats,

  3. massacres,

  4. disparitions,

  5. répression…

À la fin de 1988, le Front de libération nationale (FLN), parti unique en Algérie dont le pouvoir était resté inébranlé depuis les années 1960, ne semblait plus adapté à la situation. Plusieurs éléments ont mené à une insatisfaction croissante de la population. Tout d’abord, un système de parti unique basé sur la démocratie populaire mais cachant en réalité un régime militaire, touché par la corruption et le clientélisme. En effet, les années 1980 avaient vu trois organes de pouvoir différents : la présidence, le parti et l’armée. Ensuite, les chutes du prix du pétrole en 1986 qui font passer le prix du baril de 30 $ à 10 $. Le gouvernement bénéficiait du prix élevé du pétrole : celui-ci concernait 95 % des exports algériens et 60 % du budget du gouvernement. L’économie planifiée subit de fortes contraintes, avec les pénuries et la montée du chômage. En octobre 1988, des manifestations contre le président Chadli Bendjedid eurent lieu dans toutes les villes algériennes, mettant en avant la montée de l’islamisme parmi nombre de manifestants. L’armée, en tirant sur les manifestants, fit plus de 500 morts et choqua la population par la brutalité de la réponse.

La victoire du FIS aux élections législatives de 1991 crée une véritable division au gouvernement sur la marche à suivre. La véritable question qui se pose est la suivante : doit-on, ou non, accepter de gouverner avec le FIS quand il obtiendra la majorité aux élections législatives ? Le gouvernement est divisé. De son côté, le président Bendjedid pense pouvoir utiliser son statut de Chef d’État pour contrôler et tempérer les éventuels excès des députés du FIS, en fait, il souhaite à tout prix continuer sur la lancée de démocratisation de la société. D’un autre côté, le premier ministre Ghozali ainsi que certains généraux (Nezzar et Belkheir) refusent catégoriquement de laisser le pouvoir législatif aux députés du FIS, ils veulent à tout prix conserver la tradition nationaliste et laïque du régime algérien. Très vite, au début du mois de janvier, les opposants à Chedli Bendjedid, ainsi que quelques chefs militaires décident de couper court au débat et d’imposer leur décision au Président.

La « décennie noire » entre 1991 et 2002

La tragédie commença en décembre 1991, quand le gouvernement annula immédiatement les élections législatives après les résultats du premier tour, anticipant une victoire du Front islamique du salut (FIS), craignant de perdre le pouvoir et que ce dernier mette en place une république islamique.

Après l’interdiction du FIS et l’arrestation de milliers de ses membres, différents groupes de guérilla islamiste émergèrent rapidement. Le 11 janvier 1992, sous le coup de force de ces généraux et chefs militaires dits « janviéristes », l’armée annula les élections, forçant le président Chadli Bendjedid à démissionner lors d’un discours télévisuel. Le 12 janvier, les généraux « janviéristes » décident de transférer le pouvoir présidentiel à un Haut Comité de Sécurité qui devait servir de comité de conseil présidentiel. Le lendemain, ce comité décide d’annuler les élections législatives et de créer le Haut Comité d’État (HCE) qui est une présidence collégiale opérant jusqu’à la fin du mandat de Bendjedid, en décembre 1993. Le HCE rappelant de son exil le combattant de l’indépendance Mohammed Boudiaf comme nouveau président de la nouvelle autorité politique chargée de diriger l’État : le Haut Comité d’État. Pour les chefs du coup d’État, Boudiaf était le meilleur choix, d’une part par sa légitimité acquise lors de la guerre d’indépendance, et d’autre part, parce que sa réputation n’avait pas été touchée par les crises politiques de l’Algérie indépendante.

Alors qu’il est au pouvoir, Boudiaf se concentre sur trois objectifs. Le premier objectif de Boudiaf est d’ordre économique. Il s’agit de remettre à flot l’économie algérienne. En effet, avec un dette de 25 milliards de dollars, une croissance économique négative et un fort taux de chômage, l’économie algérienne est en grande difficulté. Or Boudiaf est persuadé que la situation économique délétère est le lit de la montée de l’islamisme et du FIS. Il est donc absolument primordial pour le HCE de relancer au plus vite l’économie nationale. En plus de l’économie, le régime a pour second objectif de réorganiser la classe politique algérienne. Boudiaf entend exclure tout parti politique islamiste, au premier plan duquel le FIS, en renforçant l’article de la Constitution qui interdit tout parti politique dont la base idéologique est religieuse. De la même manière, il entend aussi reconquérir l’électorat ayant voté pour le FIS. D’autre part, Il semble nécessaire à Boudiaf de renforcer le régime en légitimant le HCE et le coup d’État de janvier, tous deux rejetés par les trois partis les plus importants sur l’échiquier politique algérien : Le Front des Forces Socialistes (FFS), le FIS et le FLN. Boudiaf tente donc d’attirer dans son gouvernement des membres de chacun de ces partis. De cette manière, des membres modérés du FIS ont obtenu des ministères, ainsi qu’un membre du parti des forces socialistes. Enfin, comme pour accélérer le processus de modernisation, Boudiaf veut créer une organisation populaire comme cadre pour discuter des difficultés rencontrées par le pays, mais aussi comme plateforme de soutien au régime et au HCE. Cette organisation sera créée dès mai 1992 sous le nom de Rassemblement patriotique national. Enfin, le troisième objectif fondamental de la présidence de Boudiaf est le rétablissement de l’ordre et la sécurité pour les Algériens. Pour cela, de nombreux membres du FIS furent arrêtés : 5 000 d’après les rapports de l’armée, 30 000 (incluant Abdelkader Hachani) selon le FIS et 40000 selon les chiffres avancés par Gilles Kepel. Les prisons étant insuffisantes pour emprisonner tout le monde, des camps furent créés au Sahara, et les hommes qui portaient une barbe craignirent de sortir dans la rue de peur d’être arrêtés en tant que sympathisants du FIS. L’état d’urgence fut déclaré, et beaucoup de droits constitutionnels suspendus. Toutes les protestations furent étouffées. Des organisations de défense des droits de l’homme, comme Amnesty International, signalèrent l’utilisation fréquente de la torture par le gouvernement et la détention de suspects sans charges ni procès. Le gouvernement a officiellement dissous le FIS le 4 mars, alors que l’armée concentrait le pouvoir réel malgré les efforts de Boudiaf.

L’assassinat de Mohamed Boudiaf est survenu le 29 juin 1992 lorsque le président algérien Mohamed Boudiaf a été tué par l’un de ses propres gardes du corps, Lambarek Boumaarafi, présenté officiellement comme un fondamentaliste islamique et un sympathisant du Front islamique du salut (FIS), alors qu’il s’adressait à une réunion publique à Annaba qui a ensuite été diffusée par la télévision nationale.

Il a reçu 3 balles, deux dans la tête et une dans le dos. Il a été président pendant cinq mois, après son retour d’exil au Maroc pour régner sur le Haut Comité d’État qui a émergé comme une alternative constitutionnelle.

En 1995, les pourparlers échouèrent et une nouvelle élection eut lieu, remportée par le candidat de l’armée, le général Liamine Zéroual.


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