Marrakech: Qui est Lucas Philippe, le Français nommé à la tête d’Interpol ?

Marrakech: Le Français Lucas Philippe élu nouveau président d’Interpol

La 93ᵉ Assemblée générale d’Interpol, accueillie cette semaine à Marrakech, a élu jeudi le Français Lucas Philippe nouveau président de l’Organisation internationale de police criminelle pour un mandat de quatre ans. Contrôleur général et conseiller aux affaires européennes et internationales à la Direction générale de la Police nationale française, M. Philippe succède à l’Émirati Ahmed Naser Al-Raisi, dont le mandat arrive à son terme.

L’élection s’est déroulée selon le principe «un pays, une voix», fondement de la gouvernance interne d’Interpol. Lucas Philippe a obtenu 84 voix, soit 51,2% des suffrages exprimés, devançant le candidat turc Mustafa Serkan Sabanca, crédité de 60 voix (36,6%). Les deux autres prétendants, la Namibienne Anne-Marie Nainda et l’Éthiopien Demelash Gebremicheal Wewdeyes, ont recueilli respectivement 12 voix (7,3%) et 8 voix (4,9%).

En tant que président, la mission de Lucas Philippe sera d’assurer la cohérence stratégique de l’action d’Interpol. Il présidera les réunions du Comité exécutif, chargé de superviser la mise en œuvre des décisions adoptées par l’Assemblée générale. Il dirigera également, chaque année, les sessions statutaires de l’Assemblée générale ainsi que les trois séances du Comité exécutif.

Cette fonction, exercée à temps partiel et non rémunérée, implique également de veiller à ce que les activités de l’Organisation respectent les orientations arrêtées par les États membres, tout en maintenant une relation directe et continue avec le Secrétaire général d’Interpol.

L’élection de Lucas Philippe intervient dans un contexte marqué par l’intensification de la coopération internationale en matière de lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée transnationale et les cybermenaces, des enjeux au cœur des débats de cette 93ᵉ Assemblée générale à Marrakech.

Qui est Lucas Philippe, le Français nommé à la tête d’Interpol ?

À 53 ans, le contrôleur général Lucas Philippe, dans la police depuis une trentaine d’années, a été élu aujourd’hui à Marrakech pour un mandat de quatre ans à la tête de l’organisation internationale.

Volubile, il a le verbe d'un businessman, le débit rapide, une énergie débordante et la tête dans la campagne, quand nous le rencontrons il y a une semaine à Paris. Le contrôleur général Lucas Philippe, policier français élu aujourd'hui président d'Interpol pour quatre ans, était le candidat européen, en lice face à une Namibienne, un Éthiopien et un Turc.

Âgé de 53 ans, il était déjà dans la « maison », officiant en tant que délégué pour l'Europe au comité exécutif d'Interpol depuis novembre 2024. Son programme ? « Opérationnaliser, rendre les outils d'innovation accessibles, placer l'humain au centre, partager le savoir et ne laisser aucun pays au bord de la route, a déclaré le policier. Nous avons créé une association de bienfaiteurs. » Et d'ajouter : « On est bons dans l'exceptionnel, vous appuyez sur une touche et vous êtes capable de serrer 1 700 mecs en même temps, saisir 100 millions. Mais il faut réenchanter le quotidien, les affaires plus courantes. »

«Au milieu de l'organisation»

Au sein de la police, le fonctionnaire a commencé en investigation, notamment en rejoignant la section antiterroriste de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, avant d'enchaîner à la BRB (brigade de répression du banditisme) de Marseille puis de coordonner les groupes d'intervention régionaux et de rallier l'Office anti-stupéfiants (Ofast).

Après avoir endossé les fonctions d'attaché de sécurité intérieure en Libye, il sort du cadre de 2017 à 2020 pour devenir entrepreneur en lançant deux start-ups à Singapour dans les secteurs de la technologie et de la sécurité. De retour dans le giron policier en 2020, il reste sur les mêmes thématiques au sein du Département de la coopération internationale opérationnelle et devient conseiller sur ce sujet auprès du directeur général de la police nationale.

Quand il parle d'Interpol, Lucas Philippe est inarrêtable, des projets plein la tête et déroule ses ambitions pour cette institution qui a vu le jour en 1923: «À Interpol, il faut remettre le curseur sur l'opérationnel, faire comprendre à chaque État membre qu'il a une valeur complémentaire, pas concurrente. La valeur, c'est l'échange de data, de données, relier les policiers du monde entier en un clic. Je ne serai pas un président au-dessus mais au milieu de l'organisation.»