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Droits de l’Homme: Le Parlement européen vote une résolution d’urgence sur la détérioration de

Le Parlement européen vote une résolution d’urgence sur la détérioration des libertés en Algérie

Le Parlement européen réuni en plénière à Bruxelles a adopté, jeudi en début de soirée, une résolution d’urgence dénonçant la détérioration des libertés en Algérie. C’est la deuxième fois en un an qu’une résolution du Parlement européen est adoptée en urgence pour appeler l’Algérie à respecter les droits de l’homme et mettre à témoin la communauté internationale sur la situation grave des libertés dans ce pays.

La résolution adoptée par 669 députés pour et seulement 3 députés contre, soit la quasi totalité des membres du Parlement européen, condamne la répression des activistes des droits de l’homme et des journalistes et dénonce le tour de vis sécuritaire sur les libertés.

Résolution du Parlement européen sur la détérioration de la situation des droits de l’homme en Algérie, en particulier le cas du journaliste Khaled Drareni.

Le Parlement européen appelle dans sa résolution «les autorités algériennes à remettre immédiatement en liberté, sans conditions, le journaliste Mohamed Khaled Drareni et tous ceux qui ont été détenus et inculpés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, que ce soit en ligne ou hors ligne, et à la liberté de réunion et d’association».

Le Parlement européen,

– vu ses résolutions antérieures sur l’Algérie, en particulier celle du 28 novembre 2019 sur la situation des libertés en Algérie et celle du 30 avril 2015 sur l’incarcération de militants des droits de l’homme et des travailleurs en Algérie, – vu le rapport annuel de l’Union européenne sur les droits de l’homme et la démocratie dans le monde en 2019, publié le 15 juin 2020, – vu le document d’information de la Commission internationale de juristes intitulé «Flawed and inadequate: Algeria’s Constitutional Amendment Process» (Modification de la Constitution algérienne, un processus déficient et inadapté) publié en octobre 2020, – vu la lettre du 29 septembre 2020 cosignée par 31 organisations locales, régionales et internationales de la société civile dénonçant la répression contre la société civile algérienne, – vu les quatre communications adressées au gouvernement algérien entre le 30 mars et le 16 septembre 2020 dans le cadre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur les arrestations violentes et arbitraires, les procès inéquitables et les représailles à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et de militants pacifiques, – vu l’accord d’association UE-Algérie et notamment son article 2, qui dispose que le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’homme inspire les politiques internes et internationales des parties et constitue un élément essentiel de l’accord, – vu le 11e Conseil d’association UE-Algérie, – vu les priorités communes de partenariat adoptées, dans le cadre de la politique européenne de voisinage révisée, par l’Algérie et l’Union européenne le 13 mars 2017, – vu les conclusions du Conseil du 19 novembre 2020 sur le plan d’action de l’UE en faveur des droits de l’homme et de la démocratie pour la période 2020-2024, en particulier le mécanisme de l’UE pour les défenseurs des droits de l’homme mis en place pour protéger et soutenir les journalistes et les professionnels des médias, – vu le code pénal algérien, et notamment ses articles 75, 79, 95 bis, 98, 100, 144, 144 bis,144 bis 2, 146 et 196 bis, vu les orientations de l’Union européenne concernant les défenseurs des droits de l’homme, la peine de mort, la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la liberté d’expression en ligne et hors ligne, et vu le nouveau cadre stratégique de l’Union ainsi que le plan d’action de l’Union européenne en faveur des droits de l’homme et de la démocratie, – vu le pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et la convention relative aux droits de l’enfant, qui ont tous été ratifiés par les États membres de l’Union et par l’Algérie, – vu l’avis 7/2020 sur la détention de Fadel Breika adopté par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, – vu le troisième examen périodique universel (EPU) sur l’Algérie, adopté par le Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies lors de sa 36e session, qui s’est tenue les 21 et 22 septembre 2017, – vu la déclaration universelle des droits de l’homme, – vu la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, – vu le classement mondial de la liberté de la presse de 2020 publié par Reporters sans frontières, – vu la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et la déclaration des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes d’intolérance et de discrimination fondées sur la religion ou la conviction, – vu l’article 144, paragraphe 5, et l’article 132, paragraphe 4, de son règlement intérieur,

A. considérant qu’à partir de février 2019, l’Algérie a connu un mouvement de protestation sans précédent (Hirak) en réaction à la perspective d’un cinquième mandat du président de l’époque Abdelaziz Bouteflika; que des manifestations pacifiques contre la corruption des pouvoirs publics et pour la mise en place d’un État civique, d’un système judiciaire indépendant, d’une réforme démocratique, de la transparence et d’un cadre ouvert pour préparer la tenue d’élections libres ont eu lieu régulièrement dans tout le pays les vendredis et mardis, et se sont poursuivies pendant toute une année, y compris pendant le processus électoral; que si ces manifestations hebdomadaires de grande ampleur ont été volontairement interrompues en mars 2020 en raison de la pandémie de COVID-19, le mouvement de protestation s’est poursuivi sur les réseaux sociaux; B. considérant qu’à la suite de la démission du président Bouteflika le 2 avril 2019 en réaction au Hirak et des deux reports d’élections qui ont suivi et au cours desquels les autorités militaires ont joué un rôle de premier plan, l’Algérie a organisé le 12 décembre 2019 une élection présidentielle à l’issue de laquelle l’ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune est devenu président; que les protestataires du Hirak ont dénoncé la liste des candidats pour leurs liens avec le pouvoir précédent et ont boycotté les élections, dont le taux de participation officiel a été inférieur à 40 %; C. considérant que les arrestations politiques et les détentions arbitraires de militants pacifiques issus du Hirak et de syndicats, ainsi que de journalistes, ont augmenté depuis l’été 2019, en violation des droits fondamentaux à un procès équitable et à une application régulière de la loi; que la censure, les procès et les lourdes sanctions à l’encontre de médias indépendants, souvent accusés de comploter avec des puissances étrangères contre la sécurité nationale, continuent de s’aggraver malgré le départ officiel du gouvernement de M. Bouteflika; que les restrictions en matière de sécurité instaurées pour lutter contre la pandémie de COVID-19 ont contribué à renforcer les contrôles et sont utilisées par les autorités pour restreindre davantage l’espace civique, limiter la dissidence pacifique et entraver la liberté d’expression et d’expression; D. considérant que, dans le contexte actuel de répression en Algérie, de plus en plus d’allégations font état de cas de torture dans les commissariats de police et à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) à Alger, comme à l’encontre du prisonnier Walid Nekkiche; E. considérant que, entre le 30 mars et le 16 avril 2020, trois communications ont été adressées au gouvernement algérien dans le cadre des procédures spéciales des Nations unies sur les arrestations violentes et arbitraires, les procès inéquitables et les représailles à l’encontre de défenseurs des droits de l’homme et de militants pacifiques, et qu’une quatrième lui a été adressée le 27 août 2020 au sujet de Mohamed Khaled Drareni; F. considérant que Mohamed Khaled Drareni, correspondant de TV5 Monde, représentant de Reporters sans frontières (RSF) et directeur du site d’information Casbah Tribune, a été condamné en août 2020 à trois ans de prison et à une amende de 50 000 dinars algériens pour avoir filmé des policiers en train de s’en prendre à des manifestants à Alger; que les chefs d’accusation officiels retenus contre lui étaient «l’incitation à un rassemblement non armé» et «l’atteinte à l’intégrité du territoire national»; que, le 15 septembre 2020, sa peine a été ramenée à deux ans en appel; que, le 16 septembre 2020, les rapporteurs spéciaux et le groupe de travail sur les procédures spéciales des Nations unies ont condamné avec la plus grande fermeté sa peine d’emprisonnement, invité les autorités algériennes à le faire libérer immédiatement et qualifié sa condamnation de violation manifeste des libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association; G. considérant que Mohamed Khaled Drareni a couvert les manifestations bihebdomadaires du Hirak dès leur début en février 2019; que ses révélations sur la sévère répression du gouvernement algérien contre les rassemblements pacifiques et la liberté d’expression lui ont valu d’être arrêté, interrogé et intimidé pour avoir couvert les manifestations d’Hirak trois fois avant sa condamnation, en particulier le 14 mai 2019, le 9 août 2019 et le 9 janvier 2020, ainsi que d’être à deux reprises la cible de tentatives de corruption par des responsables du gouvernement; qu’on lui a déclaré que sa dernière détention constituait un dernier avertissement avant qu’il ne soit déféré devant la justice; que le 7 mars 2020, Mohamed Khaled Drareni a été arrêté lors d’une manifestation du Hirak; qu’il a été libéré le 10 mars mais de nouveau arrêté le 27 mars; H. considérant que, le jour de sa première arrestation, plus de vingt autres manifestants pacifiques ont été placés en détention; que deux des personnes arrêtées ont été emprisonnées pour avoir brandi le drapeau amazigh; que ce drapeau est largement utilisé pendant les manifestations du Hirak; que le général Ahmed Gaïd Salah en a interdit l’utilisation en juin 2019; que, ces derniers mois, d’anciens fonctionnaires du régime ont lancé une campagne de dénigrement contre  la population de la région majoritairement amazighe de Kabylie, qui pourrait conduire à des divisions ethniques au sein du Hirak; que des militants amazighs et du Hirak, notamment Yacine Mebarki, restent exposés à une arrestation arbitraire pour avoir exprimé des opinions religieuses et politiques dissidentes; I. considérant que les manifestations du Hirak ont permis de redonner un espace public aux citoyens; que, notamment depuis que les manifestations du Hirak se poursuivent en ligne pour freiner la propagation de la COVID-19, les restrictions à la liberté d’expression et les contraintes imposées aux journalistes ont été renforcées, notamment par le blocage de sites internet, la censure de programmes télévisés ainsi que la détention et le harcèlement de journalistes, de responsables de médias et de manifestants exprimant leur point de vue sur les réseaux sociaux, et la fermeture d’au moins six sites web d’information sur l’internet algérien en avril et en mai 2020; J. considérant des groupes locaux de défense des droits estiment qu’entre mars et juin 2020, au moins 200 personnes ont fait l’objet d’arrestations arbitraires pour avoir exprimé leur opinion ou pour avoir soutenu les manifestations du Hirak; que le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a recensé au moins 91 prisonniers d’opinion en détention au 17 novembre, contre 44 fin août, et que plusieurs d’entre eux sont placés en détention provisoire pour une durée indéterminée; que le risque d’une épidémie de COVID-19 dans les prisons constitue une menace supplémentaire pour les personnes placées en détention pour avoir exprimé leurs opinions politiques; que, le 25 mars 2020, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a demandé la libération des prisonniers politiques et des personnes placées en détention pour avoir exprimé des critiques; K. considérant que depuis janvier 2020, 41 féminicides ont été enregistrés par des militants, notamment par le site feminicides-dz.com; qu’en 2020, les mouvements de défense des droits des femmes ont multiplié les dénonciations des actes de violence de plus en plus fréquents à l’encontre des femmes et du nombre de féminicides, et ont demandé la révision des lois en vigueur, en particulier du code de la famille et de plusieurs articles du code pénal, afin de garantir une pleine égalité entre les femmes et les hommes; L. considérant qu’en avril 2020, l’Algérie a également apporté des modifications au code pénal en adoptant la loi no 20-06 qui restreint et criminalise davantage l’exercice des droits fondamentaux tels que la liberté de la presse, la liberté d’expression et la liberté d’association, au motif artificiel qu’il s’agit de «fausses informations» portant atteinte à l’État algérien; que les autorités algériennes utilisent de plus en plus de vagues articles du code pénal, y compris ceux ajoutés en avril 2020, pour poursuivre les personnes qui exercent leurs droits à la liberté d’opinion et d’expression, ainsi qu’à la liberté de réunion pacifique et d’association; qu’une première infraction est passible d’une peine maximale de cinq ans d’emprisonnement si elle est commise durant «les périodes de confinement sanitaire ou d’une catastrophe naturelle, biologique ou technologique ou de toute autre calamité»; M. considérant que, dans le contexte du rétrécissement brutal de l’espace dévolu à la société civile, les autorités algériennes font avancer un processus de révision constitutionnelle dicté par le gouvernement, prétendument dans le cadre de l’engagement pris par le président Tebboune lors de son investiture de «construire une nouvelle Algérie» en réaction aux manifestations du Hirak, alors que ce processus est loin de compter sur un soutien massif de la société algérienne et est critiqué par des organisations de la société civile indépendantes comme enfreignant les normes internationales en matière d’ouverture, de participation, de transparence et de souveraineté des processus constitutifs; que les arrestations massives de militants de la société civile et de journalistes menées en parallèle ont ôté à ce processus de révision constitutionnelle toute légitimité aux yeux du public; N. considérant que l’Algérie a tenu un référendum le 1er novembre sur la révision de la Constitution, qui comprend une limitation du nombre de mandats présidentiels à deux; que le taux de participation officiel de 23,7 % est le plus bas jamais enregistré depuis l’indépendance en 1962; que la nouvelle Constitution a été approuvée officiellement par 66,8 % des suffrages exprimés; qu’en attendant le retour du président en Algérie, la ratification de la nouvelle Constitution demeure pendante; O. considérant que la Constitution algérienne continue de poser comme condition à la liberté de la presse, consacrée officiellement à l’article 54, le respect «des constantes et des valeurs religieuses, morales et culturelles de la Nation»; que de borner ainsi la liberté de la presse enfreint le PIDCP, que l’Algérie a ratifié; que le Comité des droits de l’homme des Nations unies affirme, dans son observation générale nº 34, que «pénaliser un organe d’information […] au motif qu’il est critique à l’égard [d’un] système politique [ou] social» est inadmissible; que la révision constitutionnelle introduit également une modification inquiétante en ce qu’elle constitutionnalise le rôle et les compétences politiques de l’armée; que la réforme constitutionnelle maintient la domination de la présidence sur toutes les autres institutions, y compris le pouvoir judiciaire; P. considérant que le Syndicat national des magistrats (SNM) a dénoncé le recours généralisé et abusif des autorités algériennes à la détention provisoire; que des membres de l’appareil judiciaire se sont vu imposer des sanctions professionnelles après avoir acquitté des militants pacifiques ou après avoir demandé à l’exécutif de respecter l’indépendance de la justice; Q. considérant qu’en 2020, l’Algérie se classe 146e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières, perdant ainsi cinq places par rapport à 2019 et 27 places par rapport à 2015; R. considérant que l’Algérie est un partenaire de premier plan de l’Union européenne dans le cadre de la politique européenne de voisinage, compte tenu des importants intérêts politiques, économiques et de personne à personne dans le pays et la région; que les priorités du partenariat UE-Algérie sont l’expression d’un attachement commun aux valeurs universelles que sont la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme; 1. condamne fermement l’escalade des arrestations et détentions illégales et arbitraires et du harcèlement juridique dont sont victimes les journalistes, les défenseurs des droits de  l’homme, les syndicalistes, les avocats, les membres de la société civile et les militants pacifiques en Algérie, qui ferme toute possibilité de dialogue politique sur la révision constitutionnelle non démocratique et entrave l’exercice des libertés d’expression, de réunion et d’association; dénonce le recours à l’introduction de mesures d’urgence dans le contexte de la pandémie de COVID-19 comme prétexte pour restreindre les droits fondamentaux du peuple algérien; 2. invite les autorités algériennes à remettre immédiatement en liberté, sans conditions, Mohamed Khaled Drareni et tous ceux qui ont été détenus et inculpés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, que ce soit en ligne ou hors ligne, et à la liberté de réunion et d’association, y compris Yacine Mebarki, Abdellah Benaoum, Mohamed Tadjadit, Abeldhamid Amine, Abdelkrim Zeghileche, Walid Kechida, Brahim Laalami, Aissa Chouha, Zoheir Kaddam, Walid Nekkiche, Nourredine Khimoud et Hakim Addad; appuie la demande de Michelle Bachelet, Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, en vue de la libération urgente, compte tenu de la pandémie de COVID-19, de tous les prisonniers politiques et de toute personne détenue pour avoir exprimé une opinion dissidente; invite les autorités algériennes à déverrouiller les médias et à mettre fin à toute arrestation ou détention de militants politiques, de journalistes, de défenseurs des droits de l’homme ou de personnes qui expriment une opinion dissidente ou critique à l’égard du gouvernement; 3. réaffirme que la liberté d’expression, qui comprend la liberté des journalistes, qu’ils soient professionnels ou citoyens, d’informer et de proposer une analyse et des commentaires sur les manifestations et sur toute autre forme d’expression de mécontentement à l’égard du gouvernement ou de personnes physiques ou morales liées au gouvernement, est indispensable pour une transition politique pleinement démocratique; 4. témoigne sa solidarité à tous les citoyens et citoyennes algériens, quels que soient leur origine géographique ou ethnique et leur statut socioéconomique, qui manifestent pacifiquement depuis février 2019 pour demander que l’État ne soit plus aux mains des militaires et exiger la souveraineté populaire, le respect de l’état de droit, la justice sociale et l’égalité des sexes; invite les autorités algériennes à prendre les mesures qui s’imposent pour lutter contre la corruption; 5. invite une nouvelle fois les autorités algériennes à mettre fin à toutes les formes d’intimidation, de harcèlement judiciaire, de criminalisation et d’arrestation ou de détention arbitraires à l’encontre des journalistes qui critiquent le gouvernement, des blogueurs, des défenseurs des droits de l’homme, des avocats et des militants; les invite une nouvelle fois à prendre les mesures qui s’imposent pour assurer et garantir à tous le droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique, la liberté des médias, la liberté de pensée, de conscience, de religion et de croyances, libertés qui sont inscrites dans la Constitution algérienne et consacrées par le PIDCP, que l’Algérie a signé et ratifié; condamne toute forme de recours excessif à la force par les membres des forces de l’ordre lorsqu’ils dispersent des manifestations pacifiques; invite une nouvelle fois les autorités algériennes à procéder à des enquêtes indépendantes sur tous les cas de recours excessif à la force par des membres des forces de l’ordre et à traduire en justice tous les auteurs; invite les autorités algériennes à honorer les engagements internationaux de l’Algérie au titre de la convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; 6. prend acte de la remise en liberté provisoire, depuis l’adoption par le Parlement européen de sa résolution du 28 novembre 2019, de certains militants politiques, tels que Karim Tabbou, figure de l’opposition, ou encore Mustapha Bendjema et Khaled Tazaghart; 7. invite instamment les autorités algériennes à garantir l’existence d’un espace de liberté dévolu à la société civile qui permette la tenue d’un authentique dialogue politique et ne criminalise pas les libertés fondamentales, en adoptant une nouvelle législation pleinement conforme aux normes internationales qui ne prévoie aucune exception illégale au regard du droit international, en particulier au regard des conventions ratifiées par l’Algérie, y compris les conventions de l’Organisation internationale du travail; souligne que cet espace de liberté dévolu à la société civile est indispensable à l’émergence d’une Algérie démocratique dirigée par des civils; déplore que les journalistes étrangers demeurent confrontés à des obstacles et manoeuvres d’obstruction administratifs pour obtenir des visas de presse leur permettant de travailler dans le pays; 8. rappelle que le respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux consacrés par la déclaration universelle des droits de l’homme est l’une des clauses relatives aux droits de l’homme figurant dans l’accord d’association UE-Algérie de 2005; souligne que la transition politique en cours doit garantir le droit de tous les Algériens, quels que soient leur sexe, leur origine géographique ou ethnique et leur statut socioéconomique, y compris des Berbères, à participer pleinement au processus démocratique et à exercer leur droit de prendre part à la direction des affaires publiques, y compris en renversant la tendance au rétrécissement de l’espace dévolu à la société civile indépendante, au journalisme et au militantisme politique; 9. se dit préoccupé par de nouvelles lois qui présentent un caractère restrictif, telles que la  loi nº20-06, qui criminalise de manière arbitraire la diffusion d’«informations fallacieuses» souillant l’honneur de fonctionnaires publics et le financement d’associations; souligne que cette loi comporte plusieurs dispositions qui enfreignent les normes internationales en matière de liberté d’expression et d’association, notamment les articles 19 et 22 du PIDCP; 10. invite instamment les autorités algériennes à réviser deux lois à caractère restrictif, à savoir la loi nº 12-06 de 2012 relative aux associations et la loi nº 91-19 de 1991 relative aux réunions et manifestations publiques, qui instaure un régime d’autorisation préalable, et à veiller à ce que l’autorité administrative compétente délivre sans délai un certificat d’enregistrement à plusieurs organisations caritatives, religieuses, non gouvernementales et de la société civile qui ont demandé leur réenregistrement; 11. déplore la modification apportée au code pénal algérien en avril 2020 qui restreint la liberté de la presse, la liberté d’expression et la liberté d’association; invite instamment les autorités algériennes à réviser le code pénal, et en particulier ses articles 75, 79, 95 bis, 98, 100, 144, 144 bis, 144 bis 2, 146 et 196 bis, pour les mettre en conformité avec le PIDCP et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, en vue de mettre fin à la criminalisation de la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association; 12. salue le fait que les articles 4 et 223 de la Constitution telle que révisée renforcent le statut du tamazight en tant que langue nationale et officielle; souligne que de telles déclarations ne doivent pas être instrumentalisées pour faire fi des problèmes structurels auxquels est confronté le tamazight ni pour semer la discorde au sein du mouvement Hirak; invite les autorités algériennes à préserver l’égalité de traitement devant la loi en ce qui concerne l’utilisation de l’arabe et du tamazight; invite instamment le gouvernement algérien à abroger l’interdiction de faire flotter le drapeau amazigh et à remettre immédiatement en liberté toute personne emprisonnée pour avoir arboré des symboles amazighs; 13. assure de son soutien les avocats et juristes algériens qui continuent à faire leur possible pour que soient respectées les normes les plus élevées en matière de justice en dépit du contexte et des risques qu’ils encourent; invite les autorités algériennes à garantir pleinement l’indépendance du pouvoir judiciaire et l’impartialité du système judiciaire, ainsi qu’à cesser et interdire toute restriction, influence indue, menace ou ingérence en ce qui concerne les décisions de justice ou d’autres questions judiciaires; 14. invite les autorités algériennes à garantir à la fois une pleine reddition de comptes et un contrôle démocratique et civil des forces armées, ainsi que la subordination effective de ces dernières à une autorité civile légalement constituée, et à faire en sorte que le rôle de l’armée soit correctement défini dans la Constitution et explicitement limité aux questions touchant à la défense nationale; 15. invite instamment les autorités algériennes à autoriser l’entrée dans le pays des organisations internationales des droits de l’homme et des titulaires de mandat au titre de procédures spéciales des Nations unies;

16. se dit préoccupé par les tracasseries administratives que connaissent les minorités religieuses en Algérie, notamment eu égard à l’ordonnance nº 06-03; engage le gouvernement algérien à réviser l’ordonnance nº 06-03 afin qu’elle soit conforme à la Constitution et aux obligations internationales de l’Algérie en matière de droits de l’homme, notamment à l’article 18 du PIDCP; demande le respect de la liberté de culte de toutes les minorités religieuses; 17. attend de l’Union européenne qu’elle place la situation en matière de droits de l’homme au cœur de son dialogue avec les autorités algériennes, tout particulièrement lors de la prochaine session du Conseil d’association UE-Algérie; demande au Service européen pour l’action extérieure (SEAE) d’élaborer et de dresser une liste de cas particuliers singulièrement préoccupants, où figurent notamment ceux mentionnés dans la présente résolution, et de rendre régulièrement compte au Parlement des progrès accomplis en vue d’y apporter une solution; 18. demande au SEAE, à la Commission et aux États membres, en coopération avec le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, d’apporter leur soutien aux groupes de la société civile, aux défenseurs des droits de l’homme, aux journalistes et aux manifestants, y compris en se montrant publiquement plus fermes au sujet du respect des droits de l’homme et de l’état de droit en Algérie, en condamnant, sans ambiguïtés et de manière publique, les atteintes aux droits de l’homme, en invitant instamment les autorités à remettre en liberté les victimes de détentions arbitraires et à cesser de recourir de manière excessive à la détention provisoire, en demandant à avoir accès aux détenus et en observant les procès de militants, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme, ainsi qu’en suivant de près la situation en matière de droits de l’homme en Algérie par tous les moyens disponibles; 19. souligne l’importance que l’Union européenne attache à ses relations avec l’Algérie en tant que voisin et partenaire majeur; rappelle l’importance d’entretenir des liens étroits et renforcés avec l’Algérie et réaffirme son engagement en faveur du resserrement de ces liens, sur la base d’un respect plein et entier des valeurs communes que sont notamment les droits de l’homme, la démocratie, l’état de droit et la liberté des médias; 20. charge son Président de transmettre la présente résolution au vice-président de la Commission et haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des États membres, à la délégation de l’Union européenne à Alger, au gouvernement algérien, au Secrétaire général des Nations unies, au Conseil des droits de l’homme des Nations unies et au Conseil de l’Europe….⇒ Document

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