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Crise libyenne: après Ramtane Lamamra, Sabri Boukadoum «Persona non grata»


Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a proposé au Conseil de sécurité que l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères Sabri Boukadoum devienne le nouvel émissaire de l’Organisation pour la Libye mais les Emirats arabes unis ont bloqué sa nomination, selon des diplomates.

Lors d’une réunion lundi du Conseil de sécurité consacrée à la situation libyenne, certains pays comme le Ghana ou la France ont une nouvelle fois réclamé que le poste, vacant depuis novembre, soit pourvu «dès que possible».

Depuis l’automne, le renouvellement de la mission politique de l’ONU [Mission d'appui des Nations Unies en Libye (Manul)] n’a pu s’effectuer que pour des périodes courtes de quelques mois, notamment en raison de l’impossibilité du Conseil à se mettre d’accord sur un nouvel émissaire. Le mandat de la Manul expire le 31 juillet.

La mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL ou est une mission de soutien politique des Nations unies en Libye faisant suite à la guerre civile libyenne de 2011. La MANUL n'est pas une mission militaire mais politique menée sous la direction du Département des affaires politiques des Nations unies. Le siège de la mission se trouve à Tunis (Tunisie).

La semaine dernière, le chef de l’ONU, après plusieurs tentatives vaines, a proposé aux 15 membres du Conseil le nom de M. Boukadoum. «Seuls les Emirats arabes unis ont refusé», a indiqué à l’AFP un diplomate ayant requis l’anonymat. Au Conseil de sécurité, les Emirats, un membre non permanent, représentent le monde arabe.

Deuxième rejet

C’est le deuxième rejet en moins de deux ans de la nomination d’un Algérien au poste d’émissaire de l’ONU pour la Libye. Après le mémorable veto opposé par les États-Unis d’Amérique en avril 2020 à la nomination de Ramtane Lamamra, c’est au tour des Émirats Arabes Unis de sortir le carton rouge contre Sabri Boukadoum, ex-ministre algérien de «l’Ingérence »!

"Dommage, il allait certainement proposer à Arancha González Laya de parler en son nom et au nom de l'Algérie, de l'ONU, de la Ligue Arabe et du H.C. aux droits de l'homme. Nos frères Émiratis nous ont privé de la rigolade ! Mais ils sont pardonnés." a tweeté Imad Murcia

L’État des Émirats Arabes Unis, qui a entamé en janvier dernier un mandat de deux ans en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU, a expliqué cette décision par «l’opposition des pays arabes et des parties libyennes» à la nomination de l’ex-responsable algérien.

Selon plusieurs autres diplomates, les Emirats ont expliqué que «des pays arabes et des parties libyennes avaient fait part de leur opposition» à la nomination de l’ex-responsable algérien. Ces sources n’ont pas identifié les pays et parties en question.

Il y a une «préoccupation régionale» à l’égard de la nomination de Sabri Boukadoum, a indiqué l’un de ces diplomates, en soulignant que le choix d’un ressortissant d’un pays frontalier de la Libye pose problème. Son travail serait « impossible », a ajouté cette source, en expliquant la position émiratie.

Rappel: les Américains derrière le blocage de la candidature de l’Algérien Lamamra à l’ONU (Jeune Afrique)

Pour remplacer Ghassan Salamé, qui a démissionné en mars dernier de son poste après deux ans et demi de service alors que le processus politique était dans l’impasse, le SG de l’ONU avait sollicité Ramtane Lamamra. Les deux hommes se connaissent bien, dans la mesure où Guterres a fait intégrer, en septembre 2017, le diplomate algérien dans le panel onusien chargé des médiations internationales. «Je n’ai rien demandé, on est venu me chercher», explique à ses proches Lamamra qui fut à plusieurs reprises ambassadeur et a dirigé le MAE entre 2013 et 2017. La nomination de l’ex-ministre algérien des Affaires étrangères semblait pourtant acquise. Mais pas pour les États-Unis, qui ont multiplié « les questions » alors que « tout le monde » était d’accord avec ce choix, selon un diplomate. «Ce sont les Américains qui ont pesé de leur poids pour bloquer la désignation de Ramtane Lamamra», confie à Jeune Afrique un ancien ambassadeur à Alger.

Les Émirats-Arabes Unis et l’Égypte, ont entrepris un intense lobbying auprès des Américains pour barrer la route à Lamamra.

À Alger où il séjournait, Ramtane Lamamra était plutôt serein. «Rien n’est encore décidé, glisse une de ses connaissances. La situation pourrait se débloquer en sa faveur dans les semaines à venir.»

Trop proche de la Russie ?

Le Mercredi 8 avril, à l’occasion d’une réunion à huis clos sur la Libye, une responsable de l’ONU a annoncé au Conseil de sécurité qu’António Guterres avait lancé des recherches pour trouver quelqu’un d’autre, avait indiqué une autre source. Le secrétariat «travaille d’arrache-pied pour faire une proposition», a dit cette source à l’AFP sous couvert d’anonymat.

Aucun commentaire n’a pu être obtenu auprès de la mission américaine de l’ONU sur les raisons ayant motivé son opposition à l’ex-ministre algérien. Une quatrième source estime qu’il a pu être jugé par Washington trop proche de la Russie, accusée de soutenir le maréchal Haftar avec des mercenaires, ce dont Moscou se défend.

Selon une source diplomatique à Alger, qui s’est confiée sous le sceau de la confidence, les Émiratis et les Égyptiens souhaitent que le prochain envoyé spécial en Libye soit issu du Moyen-Orient, d’origine jordanienne de préférence.

Mais la joie ne durait pas longtemps malheureusement.


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