top of page

Comme une métastase le «Sentiment antifrançais» se propage en Afrique (N°1)


Que veut dire Françafrique ?

​L'homme politique sénégalais et militant de la Gauche Dialo Diop précise que le concept de Françafrique est créé par l'économiste français François Xavier Verschaves, fondateur de l'association Survie.

"Il a forgé ce concept pour décrire cette relation malsaine et incestueuse qui lie État français aux États issus de ses anciennes colonies », ajoute Dialo Diop qui déplore le fait que cela reflète une dépendance structurelle dans tous les domaines de la vie d'un État, entretenue, perpétuée par l'ancienne métropole.

Issa N'Diaye philosophe et ancien ministre malien de l'Éducation nationale (1991 à 1992) et de la Culture et de la Recherche scientifique (1992 à 1993) définit pour sa part la Françafrique comme une sorte de tutelle qui ne dit pas son nom et qui consiste à faire prévaloir les intérêts de la France, les intérêts des entreprises françaises, des multinationales françaises sur celui des populations africaines.

"La France n'arrive pas à se débarrasser de la Françafrique et les dirigeants africains aussi. La jeunesse actuelle qui est sur les réseaux sociaux, qui a une large ouverture sur le monde, qui voit ce qui se passe ailleurs, aspire à d'autres horizons que la Françafrique. C'est tout à fait normal que cette jeunesse-là veuille revisiter les relations entre la France et l'Afrique. J'ai l'impression que les élites françaises ne comprennent pas ce besoin d'ouverture d'horizon des jeunes actuels", ajoute-Issa Ndiaye.

Fatou Blondin Ndiaye Diop, l'ex-ministre chargée des Technologies de l'Information et de la Communication du Sénégal et responsable du comité de coordination du collectif citoyen "Aar li ñu bokk" (préserver ce que nous avons en commun), indique qu'au Sénégal, "les symboles de la Françafrique c'est surtout dans les rapports économiques, la place des entreprises françaises dans l'économie, la base militaire française présente dans le pays, la politique migratoire et la politique monétaire avec le CFA qui est toujours là".

"La Françafrique ce sont les grandes sociétés françaises qui existent depuis 100 ans, ce ne sont pas les députés français", ajoute-t-elle.

Quand Paul Biya taclait la France et célébrait l’amitié sino-camerounaise

Le Président Paul Biya déclare "On coopère avec la Chine comme avec la France mais la Chine n'enlève rien à Personne !"

Le Président Paul Biya a relevé que le regard du monde sur l’Afrique avait changé grâce à la Chine, qui a su développer un partenariat sincère et d’égal à égal avec les États africains. Le chef de l’État camerounais a remercié la Chine pour cette marque de considération pour notre Continent.

A un journaliste français qui lui pose un jour la question de savoir ce que la Chine apporte au Cameroun, Paul Biya répond : «Oooh, beaucoup d’amitié, certains projets… On coopère… comme la France, mais la Chine n’enlève rien a personne! ».

En Algérie: le président de l'Association des "Oulémas" musulmans algériens (AOMA), Abderezzak Guessoum.

Le représentant des Oulémas n’a pas hésité à comparer la France, respectivement, au «diable», à «la Covid», et au « SIDA».

Comme une métastase au-delà des anciennes colonies françaises, des centaines de manifestants sud-africains ont exigé le départ d’une France « impérialiste post-coloniale » du continent africain.

Après des manifestations contre la présence militaire française à Bamako, Ouagadougou, N’Djamena, puis une tentative avortée de «marche pacifique» à partir de la base militaire française de Libreville, c’est Pretoria qui a résonné de slogans comme « La France hors d’Afrique », « Richesse de la France sur le dos des Africains », « Réparations pour les crimes coloniaux » ou certains libellés plus fleuris comme « Va te faire foutre la France, va te faire foutre » depuis une scène aménagée sur un camion ouvert…

Malema en première ligne

C’est ce mercredi 25 mai 2022 que des centaines de Sud-Africains ont battu le pavé contre le présumé « impérialisme post-colonial » de ce pays européen à bouter hors du continent. À un porte-parole des manifestants affirmant que «les pays africains doivent être considérés comme des partenaires et pas seulement comme des fournisseurs de matières premières», l’ambassadeur de France Aurélien Lechevallier a affirmé : « Nous sommes les amis des nations africaines ».

Pourquoi y a-t-il eu des manifestations anti-françaises en Afrique du Sud ?

L'historien camerounais Achille Mbembe, chargé par le président français Emmanuel Macron de préparer l'échange qu'il a eu avec la société civile lors du prochain sommet Afrique-France, en juillet, estime que le sentiment "anti-français" a commencé à se cristalliser au lendemain du génocide rwandais de 1994.

« Il s'est aggravé à l'occasion du conflit ivoirien puis la guerre en Libye qui a provoqué la déstabilisation de toute la région saharo-sahélienne. Les autres différents portent sur le franc CFA, les interventions militaires à répétition, le soutien aux tyrans et tout ce qui touche à la question migratoire principalement nourrit le sentiment anti-français sur le continent et empêche des deux côtés que nous puissions profiter des choses qui nous ont uni dans le passé et nous unissent encore aujourd'hui et qui ne sont pas que négatives", déclare-t-il à la BBC.

Génocide, Tutsi et Hutu, rôle de la France… Que s’est-il passé en 1994 au Rwanda ?

D’avril à juillet 1994, 800 000 Rwandais hommes, femmes et enfants, principalement Tutsi, sont massacrés. Le feu couvait depuis de décennies mais un événement va finir par mettre le feu aux poudres : la mort dans un attentat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. L’avion qui le transporte est frappé par un missile sol air alors qu’il entame son atterrissage sur l’aéroport de Kigali.

Au pouvoir depuis 1973, Habyarimana a mis en place un régime autoritaire qui mène une politique pro-Hutu. Une guerre civile éclate en 1990 entre les partisans de son gouvernement et le Front patriotique rwandais (FPR), le groupe rebelle tutsi dirigé par Paul Kagamé.

Des accords de paix sont signés en 1993. L’attentat y met fin. Les Hutu accusent les Tutsi d’être à l’origine de la mort du président. Aujourd’hui encore, aucune enquête n’a clairement abouti à une conclusion sur les auteurs de cet attentat qui va déclencher un des pires massacres du XXe siècle. «Abattez les grands arbres» : cette phrase diffusée dès le 6 avril sur les ondes radios est le signal du début du génocide. Si aucun document n’atteste d’une préparation «bureaucratique», la haine attisée depuis des années et le conditionnement des esprits vont permettre ce déferlement de violences dans une grande partie du Rwanda.

En trois mois, 800 000 Rwandais, opposants hutus dans les premières heures puis des milliers de Tutsi ensuite, vont être tués, dans des conditions souvent horribles. En cent jours, le génocide rwandais va devenir le plus rapide de l’histoire. Et celui avec le plus grand nombre de morts par jour. Emmanuel Macron est arrivé ce jeudi 27 mai 2021 au Rwanda avec l’ambition de normaliser enfin des relations bilatérales empoisonnées depuis plus d’un quart de siècle par le rôle joué par la France dans le génocide des Tutsi de 1994.

Élu président depuis 2000, celui-ci a mis fin, en 1994, à la tête du FPR, le Front patriotique rwandais (FPR), un groupe rebelle dirigé par des Tutsi, au génocide perpétré par les Hutu.

Que s’est-il passé au Rwanda en 1994 ?

D’avril à juillet 1994, 800 000 Rwandais hommes, femmes et enfants, principalement Tutsi, sont massacrés. Le feu couvait depuis de décennies mais un événement va finir par mettre le feu aux poudres : la mort dans un attentat du président Juvénal Habyarimana, le 6 avril 1994. L’avion qui le transporte est frappé par un missile sol air alors qu’il entame son atterrissage sur l’aéroport de Kigali.


Au pouvoir depuis 1973, Habyarimana a mis en place un régime autoritaire qui mène une politique pro-Hutu. Une guerre civile éclate en 1990 entre les partisans de son gouvernement et le Front patriotique rwandais (FPR), le groupe rebelle tutsi dirigé par Paul Kagamé.

Des accords de paix sont signés en 1993. L’attentat y met fin. Les Hutu accusent les Tutsi d’être à l’origine de la mort du président. Aujourd’hui encore, aucune enquête n’a clairement abouti à une conclusion sur les auteurs de cet attentat qui va déclencher un des pires massacres du XXe siècle.

Des photos des victimes du génocide au mémorial de Kigali. | SIMON WOHLFAHRT/AFP

« Abattez les grands arbres » : cette phrase diffusée dès le 6 avril sur les ondes radios est le signal du début du génocide. Si aucun document n’atteste d’une préparation « bureaucratique », la haine attisée depuis des années et le conditionnement des esprits vont permettre ce déferlement de violences dans une grande partie du Rwanda.


En trois mois, 800 000 Rwandais, opposants hutus dans les premières heures puis des milliers de Tutsi ensuite, vont être tués, dans des conditions souvent horribles. En cent jours, le génocide rwandais va devenir le plus rapide de l’histoire. Et celui avec le plus grand nombre de morts par jour.

Il prend fin le 17 juillet 1994 lorsque le FPR, pro Tutsi, s’empare du pouvoir. Le 8 novembre 1994, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU crée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour juger les principaux responsables de ce génocide. Des procès se poursuivent encore aujourd’hui.

À quand remonte le conflit entre Tutsi et Hutu ?

Historiquement, le terme Tutsi désigne les éleveurs tandis que les agriculteurs, moins haut placés dans la hiérarchie socio-économique traditionnelle, étaient dénommés Hutu. Pendant longtemps, les Tutsi ont opprimé les Hutu, considérés comme des agriculteurs moins développés sur le plan intellectuel.

La colonisation des Allemands puis des Belges a favorisé l’accès des Tutsi au pouvoir et à l’éducation. À l’indépendance du pays, en 1962, la situation s’inverse.

De nombreux Tutsi fuient le pays tandis que le parti politique hutu Parmehutu occupe 78 % des sièges à l’Assemblée nationale. Dans les années 1970, seules 10 % des places dans les écoles, les universités et les emplois sont accordées aux Tutsi.

Pourtant, sur le plan de la langue, des traditions, de la religion, les similitudes entre Tutsi et Hutu sont nombreuses. On trouve par exemple chez les Hutu comme chez les Tutsi, autant de musulmans que de chrétiens.

L’antagonisme est avant tout politique. La revendication des Tutsi en exil de revenir au pays s’est toujours heurtée au pouvoir hutu, depuis les années 1960 jusqu’à 1994, déclenchant une guerre civile. En réponse, les responsables hutu ont mené une double stratégie : combattre le FPR et massacrer les Tutsi de l’intérieur du pays pour tenter de dissuader le FPR de poursuivre sa reconquête.

Qu’est-ce qui est reproché à la France ?

La question du rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsi du Rwanda, a été un sujet brûlant pendant des années. La position prise ce jeudi 27 mai par le président Macron s’appuie sur un rapport de plus d’un millier de pages rendu une commission de quatorze historiens en mars.

Fruit de deux années d’analyse des archives relatives à la politique française au Rwanda entre 1990 et 1994, il conclu aux « responsabilités lourdes et accablantes » de la France dans le génocide rwandais.

Il prend fin le 17 juillet 1994 lorsque le FPR, pro Tutsi, s’empare du pouvoir. Le 8 novembre 1994, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU crée le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) pour juger les principaux responsables de ce génocide. Des procès se poursuivent encore aujourd’hui.

Depuis 1975, sous le président de Valéry Giscard d’Estaing, un accord d’assistance militaire lie la France et le Rwanda depuis 1975. François Mitterrand, Président à l’époque du génocide, ne s’en est jamais dédit.

En 1990, la France prend fait et cause pour le régime de Juvénal Habyarimana et s’engage militairement avec l’opération militaire Noroît, censée protéger les expatriés étrangers, mais qui constitue aussi une présence « dissuasive » pour protéger le régime en place contre l’offensive rebelle.

Dans la lignée de cette première intervention, la France mène, en juin 1994, avec le feu vert de l’Onu, Turquoise, une opération militaire à but humanitaire. Mais le FPR accuse Paris d’avoir cherché, comme en 1990, à sauver le régime et les auteurs du génocide.

Turquoise mobilise jusqu’à août 2 500 soldats français et crée une « zone humanitaire sûre » (ZHS) dans le sud-ouest du Rwanda, freinant de facto la progression du FPR.

Le Rwanda reproche à la France d’avoir, lors de cette opération, abandonné des centaines de Tutsi aux mains des génocidaires et d’avoir décidé de ne pas arrêter les autorités rwandaises responsables du génocide présentes dans la ZHS.



bottom of page