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Tunisie: Kais Saied s'en prend (encore) violemment aux médias... Qui se ressemble s'assemble...


Le président tunisien Kais Saied a minimisé mercredi l'abstention massive aux récentes élections législatives et s'en est violemment pris à ses critiques qui dénoncent un recul des libertés dans le pays depuis qu'il accapare les pouvoirs.

Là où les populations appauvries sous Ben Ali espéraient, après la révolution, un changement radical dans leur quotidien, notamment en matière d’emploi, de développement régional et de citoyenneté, elles se sont retrouvées devant une « transition démocratique » économiquement muette. Cette transition, dans laquelle se sont investi∙es juristes, expert∙es, et partis politiques pour mettre sur les rails un régime formellement démocratique a peu daigné s’encombrer de la question des inégalités territoriales, donc, par extension, de la question de l’égalité. Cela a sapé dès ses fondements une transition démocratique censée prendre la relève d’une révolution dont les mots d’ordres étaient « travail, liberté, dignité ». Depuis 2011, les régimes qui se sont succédés en Tunisie se sont montrés avares en vision économique autre que la reproduction à l’infini du même : extraversion de l'économie basée sur des salaires bas et absorption de la grogne sociale dans des emplois public précaires et mal-payés. De fait, les acteur∙trices de la transition démocratique n’ont fait qu’aménager l’attente.

Dans une sortie véhémente, Kaïs Saïed s’en est pris durement aux personnalités qui ont pris position contre lui : accusés d'œuvrer contre les intérêts du pays, ils sont menacés à demi-mot de représailles.

L'autorité électorale en Tunisie a officiellement annoncé une participation de 11,22% aux élections législatives du 17 décembre, très légèrement en hausse par rapport au chiffre préliminaire de 8,8% rendu public après la fermeture des urnes.

"Un taux de participation de 9% ou de 12% est préférable à celui de 99% qui était annoncé lors des précédentes élections saluées par les capitales étrangères tout en sachant qu'elles étaient truquées", a déclaré Kais Saied lors d'une réunion au palais de Carthage avec la cheffe du gouvernement Najla Bouden, plusieurs ministres, dont celui de la Défense, et des responsables sécuritaires.

20 minutes

En présence de plusieurs ministres silencieux, le président tunisien a pendant plus de 20 minutes livré un réquisitoire contre ses opposants.

Dans son collimateur notamment: les médias qui, selon lui, enveniment la situation dans le pays.

Il s'en est par ailleurs violemment pris à ses opposants et ses détracteurs, sans jamais les citer nommément, les accusant de "porter atteinte à l'Etat et ses symboles", un agissement qui s'apparente selon lui à "un complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat".

"Cela ne saurait continuer et ces personnes ne sauraient rester sans punition dans le cadre de la loi", a-t-il ajouté sur un ton très véhément, selon une vidéo de la réunion publiée par la présidence.

Qualifiés de «traîtres», éléments travaillant à la solde de l’étranger et cherchant à nuire à la nation, sans les citer nommément, le Maître de Carthage a laissé entendre que des mesures seraient prises contre ceux qui, à ses yeux, complotent contre les intérêts du pays.

Il les a accusés pêle-mêle d'être responsables des pénuries de denrées de matières premières, du naufrage d’une embarcation de migrants au large de Zarzis en septembre dernier ou encore de faits de corruption, , afin de s'en servir "pour dresser les citoyens contre les institutions de l'Etat".

Dans un discours martial, Kais Saied menace les journalistes critiques, qu'il qualifie de «mercenaires» qui «pleurnichent pour la liberté d'expression» en affirmant disposer d'une liste de leurs noms.

M. Saied a en outre démenti tout recul de libertés et des droits en Tunisie depuis son coup de force, qualifiant de "mercenaires" ceux qui le critiquent sur ce front.

Une intervention tournée en dérision

Cette intervention véhémente lui a valu d’être aussitôt critiqué et tourné en dérision sur les réseaux sociaux par des membres de la société civile, ainsi que des observateurs de la vie politique tunisienne. Certains ont vu dans cette sortie un discours aux allures de communication de crise improvisée, d’autres allant même jusqu’à évoquer une ambiance de fin de règne à Carthage.

Alors que le premier tour des législatives a attiré moins de 12 % des votants, le président du syndicat des journalistes tunisiens Yassine Jelassi estime que le Maître de Carthage tente de faire diversion :

« Il sort nous menacer comme ça ? Est-ce qu’il ne devrait pas plutôt s’atteler à trouver des solutions aux problèmes quotidiens du pays ? Il devrait faire cela au lieu de s’attaquer aux syndicats, à l’UGTT, aux médias ou encore aux ONG de défense des droits de l’Homme. »

Des préavis de grève ont déjà été déposés pour janvier prochain : le bras de fer risque de se poursuivre.

Qui se ressemble s'assemble

En Algérie, Ihsane El-Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Emergent, en détention provisoire.

L’arrestation du journaliste et la mise sous scellés des bureaux des médias qu’il dirige ont suscité une vague de solidarité parmi ses collègues et les militants des droits humains en Algérie et en Europe.

En effet, selon Radio M, Ihsane El-Kadi, a été interpellé une nouvelle fois, dans la nuit du vendredi au samedi derniers, aux environs de minuit et demi dans sa résidence secondaire à Zemmouri dans la wilaya de Boumerdès par 6 agents de police en civile.

Il avait été invité par téléphone vers 22 h à se rendre à la caserne "Abla" de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Cependant, le journaliste les a informés qu’il ne pouvait pas se déplacer car il se trouvait loin de la wilaya d’Alger. Deux heures plus tard, six policiers à bord de deux véhicules se sont présentés chez lui et lui ont demandé de les suivre.

Mise sous scellés des sièges de Radio M et Maghreb Emergent

Suite à cette arrestation, Ihsane El-Kadi, a été amené menotté, samedi 24 décembre au soir, au siège de Radi M et Maghreb Emergent, se situant au centre de la capitale, par des agents de la direction générale algérienne de la sécurité intérieure (DGSI), ou ils ont procédé à une perquisition et à la saisie des équipements informatiques et de tournage, avant de mettre les locaux sous scellés et de quitter les lieux.

Les réactions ne se font pas attendre

Que ce soit au niveaux national ou international es réactions n’ont pas tardé à pleuvoir après cette arrestation et cette mise sous scellé.

En effet, les journalistes de ces deux médias, ont exprimé leur indignation et leur mécontentement, en faisant circuler une pétition pour exiger la libération de leur directeur. Mais pas que, puisque de nombreuses personnalités politiques ou issues du monde la presse, ont à leur tour dénoncer l’arrestation du journaliste et fondateur des deux médias, en dénonçant aussi la mise sous scellé de ces derniers, à l’instar de Karim Tabou, Amar Ingrachen, Nahla Chaalal, Salima Tlemçani, ou encore le Parti Travailleur.

A coté de cela, les réactions de la presse internationale ne se sont pas faites attendre. Le Monde en parle en titrant avec « Dernier espace médiatique libre en Algérie, le siège de Radio M a été mis sous scellés », TV5 Monde de son coté aborde le sujet: « Algérie : avec la perquisition de Radio M, le pouvoir achève de museler la presse libre ». Et RFI appelle à la libération du journaliste, « Algérie: Reporters sans frontières appelle à la libération du fondateur de Radio M, Ihsane El Kadi » avec ce titre.

En outre, The North Africa, rédaction anglophone a choisi ce titre « Rights watchdogs condemn Algeria’s closure of Radio M ».

Pour conclure, il est à noter, que 8 jours après son arrestation, Ihsane El-Kadi, est toujours en garde à vue, et que les motifs de cette dernière ainsi que la mise sous scellés des locaux de Radio M et Maghreb Emergent sont encore méconnues.


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