“Mouvement des hôpitaux”: Une zone de silence - Humanisation et conséquences du bruit ambiant en milieu hospitalier... By - Mohammed Gherrabi
- gherrrabi
- 23 sept.
- 5 min de lecture

La lutte contre le bruit dans l'hôpital constitue un facteur de stress et d'inconfort pour les patients et l'une préoccupation constante pour les services et les responsables de santé

La grogne sociale autour du secteur de la santé s’intensifie au Maroc. De Meknès à Essaouira, en passant par Agadir, Beni Mellal ou encore Tiznit, les citoyens multiplient les sit-in devant les hôpitaux pour dénoncer la dégradation alarmante des services publics. Mais le ministère de l’Intérieur a choisi la fermeté : interdictions préventives, dispersion des rassemblements et interpellations.
L’intérieur passe à l’action
Face à la multiplication des appels à protester pour dénoncer la détérioration du système de santé, le ministère de l’Intérieur est passé à l’action, émettant des décisions d’interdiction afin de limiter l’expansion de ces mobilisations. Les forces de l’ordre ont été déployées pour faire respecter ces interdictions, comme ce fut le cas dimanche devant l’hôpital régional d’Essaouira.
Des décisions similaires ont été prises dans d’autres villes, notamment Agadir, Meknès, Beni Mellal, Taounat, Tata, Tiznit, Sidi Ifni, Oulad Teima et Amizmiz (…), interdisant toute forme de rassemblement devant les structures hospitalières. Ces interdictions ont été justifiées par l’absence de déclarations préalables et par le risque supposé de trouble à l’ordre public.
Humanisation et conséquences du bruit ambiant en milieu hospitalier - Une zone de silence

Il est venu lui appliquer du khôl sur les yeux, mais il les a aveuglés
" أجا يكحلها عماها " مثل شعبي
Dans l’environnement hospitalier, en particulier dans les unités de soins intensifs (USI), le bruit n’est pas seulement une nuisance, mais un facteur critique qui affecte la santé et le bien-être des patients. La gravité de l’état des patients admis dans ces zones exige des mesures plus strictes pour contrôler cet élément, dont l’impact est souvent sous-estimé. Le bruit peut aggraver considérablement l’état des patients gravement malades, ce qui souligne l’urgence de s’attaquer efficacement à ce problème pour garantir des soins optimaux dans des situations délicates.
Le bruit en milieu hospitalier peut avoir des conséquences physiques et psychologiques néfastes sur la santé des individus. De la perturbation du sommeil et de la démotivation à la baisse des performances et aux difficultés de communication, ses effets sont variés et néfastes. En outre, le bruit peut déclencher des réactions physiologiques de stress, telles que l’augmentation de la pression artérielle et du rythme cardiaque, ainsi que des changements dans les niveaux d’hormones telles que la noradrénaline, l’adrénaline et le cortisol, qui affectent négativement la santé générale des patients.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne les effets néfastes du bruit sur l’audition et le sommeil, en indiquant qu’il ne devrait pas dépasser 30 décibels (dB) pour garantir un bon repos nocturne et éviter toute interférence avec les fonctions physiologiques et la santé mentale. Dans le cas des hôpitaux, en particulier dans les zones critiques telles que les unités de soins intensifs, il est recommandé de maintenir la plage de décibels entre 30 et 40 dB afin de protéger la santé des patients.
Une zone de silence et zone sensible
Une zone de silence près d'un hôpital est un espace désigné où le bruit doit être minimisé pour le repos des patients, impliquant l'usage restreint des avertisseurs sonores à l'extérieur du bâtiment. Historiquement, cette intention était signalée par l'ancien panneau C2 «hôpital silence», et elle est toujours d'actualité dans les services de soins intensifs où le bruit ambiant, bien que naturel, est un facteur de stress et d'inconfort pour les patients.
L’exposition au bruit, une vraie nuisance pour les patients
Un article d’opinion d’experts du King’s College London, publié dans le British Medical Journal, dénonce la « pollution sonore » dans les hôpitaux comme un problème croissant et un frein à la bonne récupération des patients. Les niveaux d’exposition sonore dépassent régulièrement les recommandations internationales et, «même dans les unités de soins intensifs, qui prennent en charge les patients les plus vulnérables, il n’est pas rare de subir des niveaux de bruit supérieurs à 100 dB, équivalant à de la musique forte avec des écouteurs».
L’auteur principal, le Dr Andreas Xyrichis, rappelle que le bruit dans les hôpitaux a déjà été documenté comme une entrave à la communication entre les personnels, une source d’erreurs, de stress, d'irritation et de fatigue chez les médecins et les soignants, avec pour conséquence un impact négatif sur la qualité et la sécurité des soins. Les niveaux sonores élevés et le stress induit par le bruit ont des effets négatifs sur les performances et le bien-être du personnel, peuvent contribuer à l'épuisement professionnel, mais pas seulement.
Le vécu des patients est pour la première fois également pris en compte, et l’équipe souligne que le bruit ambiant affecte également la capacité des patients à se reposer, à guérir et à récupérer. Chez le patient, l’exposition au bruit est en effet liée «au développement de la psychose, en particulier en USI, à l’augmentation du stress induit par l'hospitalisation, à une sensibilité accrue à la douleur, à l'hypertension, voire à l’apparition de problèmes de santé mentale.
Le sommeil, une clé de la récupération: les bruits hospitaliers ont bien évidemment des conséquences perturbatrices sur le sommeil et les bruits techniques, de chariots en particulier, ont un effet négatif plus important sur l'éveil que les voix humaines. La récupération après l'hospitalisation est également compromise. Ainsi, chez les patients traités pendant des périodes bruyantes, l’incidence de réhospitalisation est plus élevée que chez les patients traités dans un environnement hospitalier plus calme.
Les patients témoignent: ils rapportent -selon les auteurs, eux-mêmes hospitaliers- que le bruit de l'hôpital peut avoir un effet cumulatif sur leur expérience à l'hôpital. Les patients hospitalisés pendant plusieurs nuits se sentent piégés et stressés, ce qui favorise les demandes de sortie prématurée de l'hôpital et un risque accru de traumatisme et de réadmission.

La zone autour des hôpitaux est considérée comme une zone de silence et zone sensible. La loi interdit donc l'utilisation du klaxon, sauf danger immédiat
Pourquoi le silence est important dans un hôpital
Bénéfices pour les patients : Le calme contribue au repos, à la récupération physique et psychologique des patients.
Réduction du stress : Le silence réduit l'anxiété et le stress, favorisant ainsi un meilleur état de santé.
Prévention des incidents : Le bruit peut entraîner une perte d'information, une mauvaise compréhension et augmenter les risques d'incidents critiques.
Sources de bruit dans un hôpital
Le personnel soignant: Leurs déplacements, conversations et l'utilisation d'équipements sont des sources sonores.
Les équipements biomédicaux: Matériels informatiques, alarmes et instruments.
Les visiteurs et patients : Bruits liés aux conversations et mouvements.
L'infrastructure: Bruit des systèmes de climatisation ou autres installations.
Mesures pour réduire le bruit
Sensibilisation: Le respect de l'obligation de silence est une règle générale pour tous les visiteurs afin de ne pas gêner le repos des malades.
Design des espaces: Utilisation de matériaux et de couleurs apaisantes (comme le bleu) pour créer un environnement plus calme et relaxant.
Gestion du bruit: Mise en place de stratégies pour réduire le niveau sonore, notamment en augmentant la distance entre les sources de bruit et les patients.
Zones sensibles: Les chambres des patients, les salles d'examen et de traitement sont considérées comme des zones où le silence doit être maintenu.
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