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Coronavirus: La France manque de masques de protection respiratoire

Les hôpitaux sont sous tension et réclament davantage de matériel pour protéger le personnel soignant. Les approvisionnements en masques sont serrés et l’Etat a dû relancer à la hâte la fabrication de ces précieuses protections.

« Nous avons assez de masques aujourd’hui pour permettre aux soignants d’être armés face à la maladie et de soigner les malades, a assuré le ministre de la Santé, Olivier Véran, mardi 17 mars sur France Inter. Mais en fonction de la durée de l’épidémie, nous ne savons pas si nous en aurons suffisamment à terme. » La question du matériel sanitaire est cruciale pour combattre l’épidémie de Covid-19. Face à la trop faible quantité de stocks disponibles, l’inquiétude est palpable dans les couloirs des hôpitaux, d’autant que les vols et les disparitions compliquent encore la donne (12 500 masques au CHU de Montpellier…).

« Je sais qu’il y a des problèmes de masques qui me remontent, et qui sont ubuesques », a notamment déclaré sur franceinfo Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Il faut distinguer les masques chirurgicaux, destinés aux malades pour protéger leur entourage, et les masques respiratoires dits « FFP2 », qui protègent le porteur contre l’inhalation d’agents infectieux. Dans un courrier adressé à une élue, que franceinfo a pu consulter, un médecin hospitalier de Grenoble (Isère) livre par exemple cet édifiant constat.

L’épidémie est certes inédite, mais comment la France en est-elle arrivée à cette situation de pénurie ? En mai 2009, lors de l’épidémie de grippe A (H1N1), les stocks de masques FFP2 relevant du ministère de la Santé étaient évalués à 580 millions d’unités (dont 229 millions étaient périmés): 463 millions pour le stock stratégique et 117 millions pour le stock des établissements de santé. Le Sénat, il est vrai, faisait alors mention de « difficultés » dans le suivi du « stock national santé », éparpillé dans 72 sites en France. Au mois de juin de la même année, 400 millions de masques FFP2 supplémentaires avaient été commandés, précisait alors un rapport (document en pdf) du sénateur centriste Jean-Jacques Jégou.

Deux ans plus tard, en 2011, « une grande concertation a été organisée » pour déterminer le matériel dont la France avait besoin en cas « de nouveaux épisodes viraux », expliquait Olivier Véran, le 3 mars dernier. Le ministre de la Santé affirmait que ces réflexions n’avaient alors pas débouché sur la mise en place d’une réserve de masques FFP2. En résumé, si le ministre explique qu' »il n’y a pas de stock d’Etat » pour les FFP2, la France dispose tout de même, début mars, d’une réserve de 145 millions de masques chirurgicaux (anti-projections) – le ministre évoque désormais 100 millions d’unités.

« Prévoir et se préparer, c’est indispensable et nécessaire »: @doorjean (LR) se félicite du plan de prévention, mis en œuvre depuis 2004 et demande au Gvt quel est l’état de tous les masques FFP2 et des respirateurs commandés en 2006 #DirectAN #QAG pic.twitter.com/BLXSChdRgq — Assemblée nationale (@AssembleeNat) March 3, 2020

Le masque, une arme jugée efficace en cas d’épidémie Dans le rapport parlementaire de 2005 sont exposées les conditions de protection contre une telle épidémie, avec l’idée, qui sera sans cesse répétée jusqu’à aujourd’hui, qu’il s’agit de gagner du temps pour laisser aux scientifiques le soin de trouver un médicament, puis un vaccin : « Si nous entrons dans une phase pandémique contagieuse d’homme à homme, une des trois méthodes pour lutter contre une telle épidémie est la mise en place de barrières physiques, ce qui implique que « les personnes en contact avec le public puissent disposer de masques adaptés à la pandémie ».

Dès lors, il est écrit en toutes lettres que le port du masque est un instrument de lutte très efficace, y compris pour rassurer les populations, un masque plus efficace que celui utilisé généralement pour les chirurgiens : « Un des moyens de rassurer la population serait de mettre à sa disposition des masques de protection. Les autorités interrogées par vos rapporteurs pensent que des masques classiques, de type masques de chirurgien, n’offriraient qu’une protection extrêmement limitée. Il serait souhaitable de disposer de modèles extrêmement efficaces mais relativement coûteux. »

Les rapporteurs admettent néanmoins que le rapport coût/bénéfice est en faveur de l’achat massif de masques : « La mise à disposition de masques en nombre suffisant aurait certainement un coût très élevé mais, en même temps, aiderait à limiter la paralysie du pays. Vu sous cet angle, il convient de relativiser le coût. » Ce rapport parlementaire est suivi d’un autre, moins d’un an après, à propos de la grippe aviaire. Le corps de doctrine préconisé reste le même : les mesures barrières, plus les masques, dont on précise que des études conduites sur la grippe en Asie ont montré l’efficacité : « Une étude scientifique a démontré que le port de masques à Hongkong, pendant l’épidémie de Sras en 2003, a entraîné une diminution significative du nombre d’affections respiratoires. »

Et là aussi le rapporteur rappelle que « la catégorie recommandée pour se protéger contre la grippe est celle FFP2 ». Il y a 14 ans, deux documents parlementaires écrivaient donc noir sur blanc que les masques font partie de la panoplie indispensable contre la propagation d’un virus très contagieux de type coronavirus.

Face à ces difficultés, la France a finalement passé « les commandes publiques les plus massives qui soient » auprès de « quatre grandes entreprises sur le territoire national » capables de confectionner les masques. Il leur a été demandé « de fonctionner jour et nuit, H-24 et sept jours sur sept », a expliqué le ministre de la Santé. Contacté, le groupe Kolmi-Hopen est littéralement débordé et n’a pas pu nous répondre. « Nous avons une demande pour 350 millions de masques de la part des distributeurs européens, expliquait déjà fin janvier son PDG, Gérald Heuliez, à Ouest-France. Inutile de vous dire qu’on ne peut la satisfaire.

L’entreprise Kolmi-Hopen consacre désormais l’intégralité de son activité à la production de masques. (KOLMI-HOPEN)


Pour rattraper le retard, le Premier ministre, Edouard Philippe, a également réquisitionné début mars par décret « l’ensemble des stocks et productions de masques sur le territoire national ». Cela concerne à la fois les fameux masques FFP2 et les masques anti-projections, détenus par les personnes privées, morales et par les « entreprises qui en assurent la fabrication ou la distribution ». Au début du mois, deux opérations nationales de déstockage ont permis de fournir 25 millions de masques aux personnels de santé.

Avec, francetvinfo.

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