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Belgique: La commune d’Anderlecht vers une “recontextualisation” des hommages coloniaux

Belgique: La commune d’Anderlecht vers une “recontextualisation” des hommages coloniaux

Les « hommages » à l’époque de l' »État indépendant du Congo » puis du « Congo belge » géré par la Belgique, actuelle république démocratique du Congo, sont nombreux à Bruxelles, que ce soient des statues à la gloire de Léopold II ou des noms de rues et de places. A Anderlecht, outre le square des Vétérans coloniaux, la rue Sergent De Bruyne est concernée, qui porte le nom d’Henry De Bruyne, tué à Kasongo au Congo en 1892 en même temps que le lieutenant Lippens (un monument dédié à Lippens et De Bruyne trône à Blankenberge, où est né De Bruyne). A l’intérieur de la maison communale d’Anderlecht figure aussi une « stèle », une haute plaque de marbre placée au mur de la Salle des Pas perdus. Elle est gravée « à la mémoire des Anderlechtois morts au Congo ».

Le 25/Juin/2020, Conseil Communal à Anderlecht:  Safouane Akremi (conseiller communal Sp.a) avait interpellé l’échevin de la Solidarité internationale, Julien Milquet, sur la question des hommages coloniaux dans l’espace publique. A cette occasion, il a rappelé le travail collectif qui a été mené depuis plus d’un an visant à:

  1. recontextualiser les hommages coloniaux présents au sein de la commune

  2. changer le nom de l’arrêt STIB « Vétérans coloniaux » par le nom d’une femme ayant lutté pour l’indépendance du Congo.

  3. organiser des événements, conférences, pièces de théâtres … ayant pour but de sensibiliser au passé colonial belge.

Ce travail a été mené conjointement avec différentes associations actives sur la question ainsi que des spécialistes universitaires.

Enfin, pour marquer l’anniversaire de l’indépendance du Congo, la commune hissera symboliquement le drapeau de la RDC aux côtés des drapeaux belge, européen et communal le 30 juin prochain à l’occasion du 60eme anniversaire de l’indépendance de la RDC.

Une exposition sur le Congo sera également organisée dans la foulée.

Réponse du cdH Julien Milquet concernant la question de la décolonisation de l’Espace publique anderlechtois

En septembre 2017, une motion a été votée au conseil communal portant sur la création d’un groupe de travail présidé par l’Échevine de la Solidarité internationale, portant sur la recontextualisation des hommages coloniaux dans les espaces publics et au sein de la Maison communale. En 2018, ce groupe de travail s’est constitué à Anderlecht à cet effet. Celui-ci s’est réuni à plusieurs reprises et a consulté des experts du monde universitaire et de la société civile sur cette question. Ils ont rendu une série de recommandations. C’est pourquoi, le 19 février 2019, nous pris acte d’une série de recommandations et d’objectifs à atteindre. A savoir :

1. Contextualiser par des panneaux pupitres une série de lieux publics faisant référence à la période coloniale ; 2. Renommer l’arrêt de bus STIB qui fait également référence à cette période ; 3. Mettre à l’honneur des femmes ayant participé à l’indépendance de leur pays et donner leurs noms à l’arrêt de bus STIB à renommer, ainsi qu’à une nouvelle rue en création ; 4. Organiser plusieurs activités de sensibilisation et de moments de réflexion et de débats : conférence, expositions, rencontres-débats…

« Le choix a été fait de ne pas débaptiser ces lieux car cela reviendrait à nier cette période de notre histoire. Il est par contre important de les remettre en contexte »

Depuis plusieurs rencontres ont été programmées avec la plateforme et une série de lieux publics ont ainsi été identifiés :

1. La Rue Sergent De Bruyne 2. L’Avenue de Saïo 3. Square et l’arrêt STIB des Vétérans coloniaux 4. Rue du Transvaal 5. Stèle communale de Leopold II située dans la salle pas perdus

Mettre des panneaux « recontextualisant cette période de notre histoire » sur chaque « hommage colonial dans l’espace public et au sein de la Maison communale ».

Ainsi, le dossier concernant l’installation de panneaux contextualisant est en cours et en rédaction avec la collaboration du service du développement urbain, le service des travaux publics et la Région. Un dossier technique a été rédigé en date du 6 avril et proposé à la Région et au service urbanisme de la commune. Pour l’élaboration de la contextualisation (textes,…), le collectif mémoire colonial et l’ASBL Change accompagnent la chargée du projet dans la recherche historique. En parallèle, cette dernière fait un travail de recherche et a suivi un cours d’histoire de l’Afrique Subsaharienne à l’UCL. La STIB a été informée du désir de changer les noms des arrêts de bus STIB et attendent nos propositions. Le choix des noms est en cours d’étude. Actuellement, 4 noms de femmes ont été proposées à la plateforme solidarité internationale : Dona Beatriz, Marie Kore, les Amazones du Bénin et Marie Muilu. Cette proposition est en cours d’étude. La sélection des noms pourra faire l’objet d’un appel à la participation citoyenne dans les mois à venir.

Ensuite, durant le 9, 10 et 11 octobre de cette année, un programme de sensibilisation sera proposé et réparti dans différents locaux communaux : la salle Aurore, la Maison de la Participation, la Maison des Voyageurs, la salle Zinnema et l’Espace 16 arts afin de faciliter l’accès aux anderlechtois.

Au programme notamment : une exposition sonore « témoignages anderlechtois sur la période coloniale », une visite « décoloniale » du musée de l’Afrique centrale pour les seniors anderlechtois, un parcours guidé dans les rues anderlechtoises portant sur la colonisation, l’organisation de l’Exposition Onze Kongo/notre Congo, la présentation d’éléments de culture congolaise, la lecture par des comédiens des témoignages récoltés pour la réalisation du livre : Mémoire en Noir et Blanc 1945-1960, la présentation du court-métrage : Mentalités décolonisés (réalisé par des étudiants de l’IHECS), une conférence sur l’histoire de l’Afrique (coloniale et également précoloniale) et la présentation de la pièce de théâtre « Colonialoscopie ». Une attention particulière sera également mise sur a période de colonisation belge au Rwanda et au Burundi.

Aujourd’hui, le service Relations internationales travaille principalement sur ces différents axes autour de la thématique « décolonisation » et participe régulièrement aux activités en relation à la thématique. Un groupe de partenaires potentiels a été contacté et invité à collaborer : le Collectif mémoire coloniale, l’asbl Change, l’asbl Bukushinta, l’asbl Bamko, le musée de l’Afrique Centrale, des historiens : de l’ULB , de l’UCL, de l’Université de Saint Louis et bien d’autres acteurs ponctuels…

D’autres services communaux ont également été invités et informés pour une collaboration dans le cadre de ce projet : la Maison de la Participation, les services patrimoine et sites, tourisme, seniors, enseignement et culture.

Concernant les groupes de travail, la plateforme de la solidarité internationale et d’autres participants clés, militants et associations, participe à la réalisation du projet « Les traces de la période coloniale dans l’espace public anderlechtois ». Des réunions sont organisées tous les deux mois environs. Pour la suite du projet : une programmation liée à la thématique est prévue pour les écoles secondaires à partir de 2021 et le désir d’ériger un monument sur le square vétérans coloniaux valorisant la cause est à l’étude. Pour les 60 ans de l’indépendance de la RDC, la cellule a lancé un appel à témoignages, destiné à la population anderlechtoise et à toute personne désireuse de partager un témoignage sur la période coloniale belge. Du 1 juin au 19 juillet, les Anderlechtois pourront s’exprimer sur la question. Il suffit d’appeler un numéro conventionnel (02 588 9698) et un répondeur guidera les participants et permettra le recueil des témoignages. Les recueils seront présentés via une exposition sonore lors des activités de sensibilisation. Le bulletin communal a d’ailleurs consacré un article à ce propos. Cette méthode de recueil a été privilégiée au vu des circonstances actuelles en période de Covid-19. Grâce aux liens établis via les groupes de travail et particulièrement avec le monde associatif, le collectif mémoire coloniale nous a confié une exposition créée par le Musée Royale de l’Afrique Centrale sur la table ronde menant à l’indépendance du Congo. Celle-ci sera projetée à l’espace 16 arts en juillet. Enfin, pour marquer les 60 ans de l’indépendance de la RDC, un drapeau congolais a été érigé le 30 juin sur la Maison communale, à la place du Conseil, à côté des drapeaux européen, belge et communal. Un symbole d’amitié entre les peuples. Et aussi un hommage à ceux et celles qui se sont battus pour la liberté du peuple congolais et la fin de la colonisation belge en Afrique. Et donc, en ce qui concerne la motion du MR, nous l’acceptons volontiers vu que les éléments qu’elle reprend avait déjà tous été validés précédemment.

Interview: Julien Milquet – Anderlecht – 60ans indépendance du Congo. Propos recueilli par Igor Pliner.

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