Nous tenterons d'en savoir plus sur la communauté LGBT, qui prend de l'ampleur dans ce pays d'Afrique du Nord, où la religion et les traditions occupent une grande place.
A Tebessa 2 homosexuels on diffusé une vidéo du premier mariage homosexuel en Algérie.
Comme chaque année, la communauté LGBT algérienne (lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels) célèbre TenTen, sa journée nationale de solidarité.
On les appelle les mariages de convenance ou mariages "rainbow". Chaque année, des centaines voire des milliers d’hommes et de femmes homosexuels se marient en Algérie pour face à la pression sociale, familiale. Dans un pays où l’homosexualité est un délit - passible d’une peine de deux mois à deux ans de prison et d'une forte amende - épouser une personne du sexe opposé est devenu l’alternative à un coming out, synonyme de mise au ban de la société. À l’occasion de TenTen, la 11e journée de solidarité avec les LGBT algériens (lesbiennes, gays, bisexuels et transexuels), célébrée 10 octobre à l’initiative de l’association Alouen.
"El Shad", le premier magazine pour les LGBT algériens
Fait inédit dans un pays où l’homosexualité est criminalisée, El Shad, magazine qui s’adresse à la communauté LGBT, est diffusé depuis le 20 novembre gratuitement sur le Net.
Plusieurs pages et groupes sur les réseaux sociaux servent ainsi de support de rencontres et de discussions pour les membres de cette communauté. La communauté LGBT algérienne est également représentée dans plusieurs manifestations internationales dédiées aux homosexuels. On peut citer, à titre d'exemple, la présence d'une équipe d'athlètes représentant l'Algérie lors d'une manifestation sportive pour la communauté LGBT, organisée à Paris, en 2018. Cet événement n'avait d'ailleurs pas manqué de susciter la polémique parmi les internautes algériens.
Depuis les années 2000, les hommes homosexuels deviennent plus visibles dans la société algérienne. Ces derniers, très nombreux, avaient tendance à fréquenter des endroits « illégaux » connus pour croiser ce qu’on surnomme communément des « escort-boys ». Parmi ceux-ci, des actifs et des passifs, ce qui satisfait donc la demande des clients homosexuels. Par ailleurs, les femmes lesbiennes algériennes, par crainte de répression sociale, ne se montraient quasiment pas dans la société algérienne. Cela ne signifie pas que les hommes homosexuels étaient épargnés par la répression, mais ils avaient la possibilité de sortir la nuit pour rejoindre discrètement les zones – souvent à l’extrémité des villes – où se rencontrent les hommes homosexuels pour des soirées dédiées aux rapports sexuels généralement payants.
La première association. LGBT en Algérie
C’est l’Internet qui a permis aux femmes lesbiennes de sortir de leur silence tout en restant très discrètes. L’idée de la création d’un premier espace de « tchat » et d’annonce gay en Algérie a été initiée par deux lesbiennes algéroises en 2010. Ce forum nommé Al-Gay DZ est un espace de discussions entre gays.
« Association » Alouen : naissance et objectifs
L’ «Association» a vu sa genèse fin 2011, dans le but de créer un organisme qui puisse répondre aux lgbt Algériens sur des questions qui les concernent : «…Alouen est une association proche de la communauté lgbt algérienne, lorsqu’un homosexuel ou une transsexuelle Algérien (ne) trouvera un repère rien qu’en tapant “gay Algérie” sur son clavier et ça lui parlera. Le message principal étant : on peut être homo ou lesbienne en Algérie et l’idée d’un pays qui peut nous garantir des droits n’est pas impossible». (Samir, 34 ans, coordinateur). Alouen, qui veut dire «couleur» en langue arabe, n’est pas une association au sens juridique, elle n’est fondée administrativement sur aucune loi algérienne. Par conséquent, Alouen ne peut ni obtenir un local ni collecter des fonds publics ou privés, ni lancer des appels au bénévolat. Elle ne peut pas non plus organiser des manifestations ou des assemblées publiques. Cela dit, Internet semble l’unique moyen d’expression majeur pour les homosexuels et les transsexuels algériens, qui leur permet de créer un réseau et un collectif en préservant leur anonymat. La création des pages Facebook et Twitter d’Alouen a profité d’un contexte national agité par des mouvements économiques, politiques, sociaux et sportifs : des manifestations contre la hausse des prix, mouvements contre le 4e mandat du président Bouteflika, les événements des compétitions internationales de l’équipe nationale algérienne de football. Ces mouvements ont permis à Alouen de lancer en toute discrétion une compagne sur les réseaux sociaux.