Des milliers de réfugiés sont arrivées au Niger fuyant de violents combats au Mali, selon l’ONU
Des milliers de personnes sont arrivées au Niger après avoir fui de violents combats dans le nord du Mali opposant différents groupes armés, a annoncé vendredi l’ONU.
Elles sont la cible d’attaques ou d’enlèvements, leurs biens et les propriétés leurs sont volés, mais surtout, elles craignent pour leur vie.
Près de 18.000 personnes – Maliens et Nigériens vivant au Mali – ont fui les localités maliennes de Inchinana, Azaragane, Anderamboukane et Tamalet, pour se réfugier dans les deux régions voisines de Tillabéri et Tahoua dans l’ouest du Niger, souligne un rapport du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) à Niamey, qui fait le point sur les mouvements de populations dans la région « au 31 mars ».
« Plus de 400 civils seraient morts à cause de ces conflits », affirme Ocha, citant des sources sécuritaires.
Ces réfugiés se sont surtout installés à Abala dans la région de Tillabéri et à Inkotayene, Intikane, Télemcès et Egerek, quatre localités de la région de Tahoua, relève Ocha. Une partie des réfugiés a déjà et reçu une assistance du Programme alimentaire mondiale (PAM).
Des cliniques mobiles d’ONG locales et internationales ont en outre assuré une prise en charge de différentes pathologies et de dépistage de la malnutrition chez les enfants.
Cet afflux de personnes intervient « dans un contexte humanitaire qui continue à se dégrader » en raison « de la persistance de l’insécurité » et « une situation de crise alimentaire » déplore l’ONU.
Le Niger, particulièrement sa partie ouest, est frappé par une grave crise alimentaire engendrée par la sécheresse et des violences jihadistes qui ont empêché les paysans de cultiver leurs champs, selon l’ONU et les autorités nigériennes.
Tillabéri – située dans la zone dite des trois frontières entre Burkina Faso, Mali, Niger – et Tahoua, deux régions immenses et instables, sont le théâtre depuis 2017 d’actions meurtrières de groupes armés liés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI).
La région de Tillabéri, frontalière avec le Mali et le Burkina Faso est, depuis 2017, en proie à des attaques récurrentes attribuées à des groupes terroristes sévissant dans la région du Sahel. Dans le cadre de la Déclaration de Bamako, les gouvernements de la région ont “réaffirmé, fin 2019, leur engagement à protéger les populations déplacées dans un contexte d’opérations antiterroristes”, souligne le HCR. Le texte exhorte notamment civils et militaires à travailler davantage ensemble “afin d’assurer l’accès humanitaire pour apporter une assistance immédiate”.
Au 2 février 2022, ces deux régions abritaient 61.042 réfugiés maliens et 134.330 déplacés internes, selon Ocha.
Au 15 Janvier, 86 ménages de 600 pers. fuyant les villages de Tiloa, N’Zouet & Balla Gouno Koira se sont #déplacés vers Ouallam dans la région de #Tillabéri au #Niger à cause de l’insécurité grandissante. Ces personnes ont besoin d’#assistance humanitaire urgente 👉#lifesaving pic.twitter.com/DXyfDQIIWO — OCHA NIGER (@OCHA_Niger) January 16, 2020
En 2021, des jihadistes présumés y ont commis les pires massacres de civils au Niger: en janvier 2021, 100 personnes avaient été tuées dans deux villages de Tillabéri et en mars, 141 avaient été massacrées dans plusieurs hameaux et campements de Tahoua.
Après les tueries de Tahoua, le gouvernement avait fermé un site abritant quelque 20.000 réfugiés maliens à Intikane, accusé de servir de repaires aux jihadistes.
L’ONU avait appellé à un soutien accru au Niger pour faire face aux défis humanitaires causés par l’instabilité des pays voisins
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) avaient appelé à un soutien international accru pour relever les défis auxquels sont confrontés les migrants, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du Niger, ainsi que les communautés d’accueil vulnérables, à l’issue d’une visite conjointe de trois jours dans le pays.
«Le Niger mérite beaucoup plus de la part de la communauté internationale», a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. «Cela doit se traduire par une aide financière », renchérit-il, car le pays manque de ressources pour faire face aux défis humanitaires causés par l’instabilité dans les États voisins.
Les flux migratoires et les mouvements des réfugiés étant étroitement liés au Niger, Filippo Grandi a déclaré à propos de la visite conjointe que celle-ci permettrait de «renforcer les liens opérationnels entre les deux agences [des Nations Unies], afin que nous puissions être plus efficaces dans le soutien aux personnes en mouvement, ainsi qu’au gouvernement et au peuple du Niger».
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