Emmanuel Macron, le 6 novembre 2020 à Paris. — Ludovic MARIN POOL AFP
Immigration et terrorisme: Emmanuel Macron veut réformer les règles de Schengen…
Emmanuel Macron veut que l’Europe durcisse la lutte à la fois contre le terrorisme et l’immigration, dont il a pointé « les liens ». Première réponse vendredi avec les ministres européens de l’Intérieur, avant un sommet mi-décembre.
Une manière d’adapter sa réponse à « l’évolution de la menace », alors qu’en un peu plus d’un mois la France a subi trois attaques terroristes, toutes attribuées à des étrangers.
Un Pakistanais pour celle perpétrée le 25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo ;
Un Tchétchène dans la décapitation du professeur Samuel Paty, le 16 octobre, dans les Yvelines ;
Un Tunisien dans l’attaque de Nice, le 29 octobre.
Des profils qui justifient un durcissement, selon M. Macron. « Des actions terroristes peuvent être menées par des personnes qui utilisent les flux migratoires pour menacer le sol national », a-t-il déclaré. « La donne a changé, appuie son entourage. Protéger les Français nécessite d’agir aussi bien contre la menace endogène que la menace exogène. »
L’espace Schengen n’est plus très sûr. C’est ce que pense le président français qui a appelé à sa refonte ce mardi 10 novembre 2020. « Nous devons travailler à une refonte de l’espace Schengen (…) pour qu’il soit aussi un espace de sécurité » a déclaré Emmanuel Macron qui s’entretenait avec plusieurs responsables européens à l’instar de Sébastian Kurtz, le chancelier autrichien, Angela Merkel, sa collègue allemande, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen et Charles Michel, le président du Conseil européen. Pour Emmanuel Macron, l’espace de libre circulation qu’est Schengen est l’un des principaux acquis de la construction européenne. Il reposait en contrepartie sur la promesse de la libre circulation sans frontières intérieures, sur une promesse de protection et de sécurisation des frontières extérieures de l’UE, qui n’est pas « suffisamment tenue » de son point de vue.
EN DIRECT | Conférence de presse conjointe sur la réponse européenne à la menace terroriste avec la France, l’Autriche, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Conseil européen et la Commission européenne.https://t.co/qgNUMRGHql — Élysée (@Elysee) November 10, 2020
« Les opinions publiques des Etats confrontés à la menace terroriste ne pourront longtemps accepter le maintien de nos frontières ouvertes si nous ne réformons pas en profondeur l’espace Schengen » a-t-il prévenu. En effet, Emmanuel Macron pense qu’il y a accointances entre terrorisme et immigration clandestine. Pour lui, il faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes tout en se gardant de confondre la lutte contre l’immigration et le terrorisme. Pour illustrer ses propos il a évoqué l’implication d’un migrant tunisien dans l’attaque de Nice . L’homme en question avait pénétré sur le sol français en passant par Lampedusa.
Appel à une action commune des Européens
Un « plus grand contrôle » également jugé nécessaire aux frontières extérieures de l’Europe. Accompagné du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, et du secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes, Clément Beaune, le chef de l’Etat s’est dit « favorable » à une refondation « en profondeur » des règles de libre circulation sur le continent régissant l’espace Schengen. Il a précisé avoir l’intention de « porter » des premières propositions dans ce sens, lors d’un Conseil européen prévu en décembre. Et il s’est donné pour objectif « d’aboutir sous la présidence française », au premier semestre 2022.
Des propositions
Emmanuel Macron s’est par ailleurs montré favorable à la mise sur pied d’un « véritable Conseil de sécurité intérieur » de l’Union Européenne.
Le terrorisme est une réalité européenne à laquelle nous devons apporter une réponse commune, coordonnée et rapide. C’est ce que nous avons acté aujourd’hui. — Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 10, 2020
«Dans tous nos pays, nous assistons à un dévoiement du droit d’asile», qui est utilisé «par des trafiquants», des «réseaux» ou des personnes «venant de pays qui ne sont pas en guerre», a par ailleurs estimé Emmanuel Macron. C’est pour toutes ces raisons qu’il a dit souhaiter la création d’«un véritable Conseil de sécurité intérieur», sorte de Conseil commun des ministres de l’Intérieur, inspiré de ce qui existe déjà pour entre leurs collègues de l’Économie et des Finances. Si elle voit le jour, cette instance devra permettre de fluidifier et mieux coordonner leurs actions des Vingt-Sept.
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