La colère saine du Maréchal Hubert Lyautey à Lyon, le 29 février 1916, lorsque le député M. Birot fit l’erreur de dire que l’Empire du Maroc était une « colonie française » :
« Permettez-moi maintenant, cher monsieur Birot, de retenir l’attention sur une de vos paroles. Parlant de l’Algérie, de la Tunisie et du Maroc, vous avez dit : » Nos trois colonies ». Or, rien ne serait plus inexact et plus périlleux que de faire de l’Afrique du Nord une image aussi simplifiée, et de considérer la Tunisie, l’Algérie et le Maroc sous le même aspect. Alors que nous sommes en Algérie depuis plus de quatre vingt ans, en Tunisie depuis trente-cinq ans, nous n’avons pris pied au Maroc qu’il y a huit ans, et notre protectorat y date de moins de quatre ans. Et puis, si l’Algérie est bien une « colonie », le Maroc est un « protectorat », et ce n’est pas là seulement question d’étiquette. Alors que nous nous sommes trouvés en Algérie en face d’une véritable poussière, d’un état de choses inorganique, où seul le pouvoir constitué était celui du dey turc effondré dès notre venue, au Maroc, au contraire, nous nous sommes trouvés en face d’un empire historique et indépendant, jaloux à l’extrême de son indépendance, rebelle à toute servitude, avec sa hiérarchie de fonctionnaires, sa représentation à l’étranger, ses organismes sociaux dont la plupart subsistent toujours. Songez qu’il existe encore au Maroc nombre de personnages qui furent ambassadeurs du Maroc à St Pétersbourg, à Londres, à Berlin, à Madrid, à Paris, accompagnés de secrétaires et d’attachés, hommes d’une culture générale, qui ont traité d’égal à égal avec les hommes d’état européens, qui ont le sens et le goût des choses politiques : rien de similaires en Algérie ou en Tunisie. A côté de cet état-major politique, il existe également un état-major religieux qui n’est pas négligeable. Le ministre de la justice actuel du sultan a professé pendant des années à l’université d’El-Azar au Caire, à Istamboul, à Brousse, à Damas, est en correspondance avec les oulémas jusqu’aux Indes, et n’est pas le seul qui soit en relations avec l’élite islamique d’Orient. Il existe enfin une équipe économique de premier ordre composée de gros commerçants qui ont des maisons à Manchester, à Hambourg, à Marseille… »
Dans le contexte universaliste et assimilateur dans lequel baignait alors la colonisation française, Lyautey constituait une grande et profonde originalité. Son action procéda en effet d’une constante qu’il eut toujours à l’esprit et qui était que contrairement aux colonies françaises, le protectorat sur le Royaume du Maroc n’était qu’un état transitoire et provisoire.
À Paris, sur son tombeau, le Maréchal Lyautey a voulu que soit inscrit pour l’éternité, en arabe
(Photo) : « Plus je connais les marocains et plus je vis dans ce pays, plus je suis convaincu de la grandeur de cette nation. »
La dépouille de Hubert Lyautey entre Thorey 1934- Rabat – 1935-1961 et Paris 1961 : « Plus je connais les Marocains et plus je vis dans ce pays, plus je suis convaincu de la grandeur de cette nation».
LYAUTEY était le Résident général au Maroc (1912-1916).
Il meurt à la commune de Thorey en France le 27 juillet 1934.
En réponse à son souhait, un an après, sa dépouille est inhumée à Rabat dans un mausolée dans le jardin de la résidence générale à Rabat (Actuel Ministère de l’Intérieure) : Le mur entier de la salle mortuaire occupé par l’épitaphe composée par LYAUTEY avec une traduction en langue arabe et qui résume sa vision : « Ici repose Louis Hubert Lyautey, qui fut le premier Résident Général du Maroc, de 1912 à 1925.
Décédé dans la foi catholique, dont il reçut, en pleine foi, les derniers sacrements. Profondément respectueux des traditions ancestrales et de la religion gardées et pratiquées par les habitants du Maghreb auprès desquels il a voulu reposer, en cette terre qu’il a tant aimée. Dieu ait son âme dans la vie éternelle ».
En 1961, le Maroc s’inquiète du sort du mausolée de Lyautey, une koubba, située dans le parc de la Résidence qui a été encore ambassade de France et dont une partie des locaux a commencé à être rétrocédée. Le roi Mohammed V ne veut pas prendre le risque que le tombeau soit profané et demande le rapatriement de la dépouille du maréchal à Paris aux invalides en France.
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