“L’histoire opère lentement.” Ulrich Wickert
Bataille d’Isly : Quand le Maroc défendait l’Algérie contre la France.
La bataille d’Isly (14 aout 1844) quand le Maroc combattait pour l’Algérie. Une bataille qui montre l’engagement constant du Maroc pour la défense de la dignité et de la liberté de l’Algérie.
Cette solidarité a eu aussi un prolongement et une suite au cours de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie au cours de laquelle du sang marocain a été aussi versé pour ce pays.
La bataille d’Isly donne la mesure de la profondeur des sentiments solidaires du Maroc et de sa foi en la communauté du destin algéro-marocain, tant il n’a pas hésité à consentir des sacrifices et à faire preuve de solidarité agissante envers les frères d’armes algériens pour faire face à l’entreprise colonialiste dans ces moments sombres de l’histoire.
C’est ainsi qu’à 8 kilomètres de la ville d’Oujda, a eu lieu la bataille d’Isly (14 août 1844), qui avait opposé l’armée du sultan Moulay Abderrahmane (1822-1844) aux troupes françaises qui, marchant d’Alger, avaient à leur tête le gouverneur général d’Algérie, Thomas Bugeaud. Les velléités guerrières des troupes françaises, disposant de moyens disproportionnés, trouvaient leurs motivations dans le soutien qu’accordait le sultan Moulay Abderrahmane à la résistance algérienne, avec à sa tête l’émir Abdelkader, ce qui déchaina la puissance occupante contre le Maroc, portée par un élan de convoitises et d’expansion.
Celle-ci, forte de son statut de puissance économique et militaire de l’époque, affichait l’ambition d’asseoir définitivement son emprise sur l’Algérie.Le refus du Maroc de donner suite aux requêtes françaises lui demandant de lui livrer l’émir Abdelkader avait à ce point exaspéré Paris qu’elle accusa le Maroc d’avoir violé le traité d’amitié franco-marocain en offrant refuge au chef de la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie, l’émir Abdelkader, ce qui a fini par conduire inéluctablement à la bataille d’Isly.
Les conséquences de cette bataille furent lourdes pour le Maroc.
La bataille d’Isly s’est soldée pour le Maroc par la perte de 800 hommes est un signe de solidarité dont les conséquences furent lourdes pour le pays : un tracé des frontières imposé par la France, l’affaiblissement du Pays qui a conduit à la perte de Tétouan en 1860 au profit de l’Espagne et un peu plus tard à la partition du Maroc entre la France et l’Espagne. C’est la première fois dans l’histoire de la colonisation qu’un pays se trouve divisé en deux protectorats avec une zone internationale à Tanger.
La décolonisation
Le 2 mars 1956, le Maroc obtient son indépendance. Lorsque l’heure de la décolonisation a sonné et le Maroc a retrouvé son indépendance et recouvert sa souveraineté, la procédure de décolonisation avec les deux puissances, la France et l’Espagne, a suivi un processus différent.
Avec la France, le Maroc a récupéré d’un seul coup le territoire qui était sous son protectorat en 1956. Avec l’Espagne, le processus a été autre, puisque les territoires sous son protectorat étaient dispersés entre le nord, le centre et le sud. La récupération a été faite par étapes successives : le nord en 1956, Tanger en avril 1956, Tan Tan et Tarfaya en 1958, Sidi Ifni en 1969 et le Sahara en 1975. Cette dernière partie du territoire a été récupérée après la glorieuse Marche verte qui a constitué une symbiose entre le trône Alaouite, les populations sahraouies et la totalité du peuple marocain.
On est en mesure de qualifier la décolonisation du Maroc de longue et de difficile, mais cela a été toujours un processus pacifique qui a suivi la voie du dialogue et de la négociation avec notre voisine et amie l’Espagne.
Document: General Assembly 670th session (1957) où vous pouvez lire l’engagement du Maroc à récupérer les terres occupées restantes par l’Espagne, y compris le Sahara Marocain.
Le Maroc entre la France et l’Algérie (1956-1962).
Durant la guerre d’Algérie, les relations entre les deux pays sont positives. Les Marocains se mobilisent et sont souvent des soutiens actifs des maquisards algériens. Lorsque le Maroc déclare son indépendance en 1956, Mohammed V expédie armes, argent et médicament au FLN. Le pays devient même une base arrière pour des combattants algériens qui bénéficient de camps d’entraînement.
Le 2 mars 1956, le Maroc obtient son indépendance. Le 20 mars, c’est au tour de la Tunisie. Mais, au centre du Maghreb, l’Algérie, colonie française depuis 1830, est en guerre avec la France depuis le 1er novembre 1954 et continue sa lutte pour l’indépendance . La proximité géographique des deux pays, mais aussi les liens ethniques et religieux ne permettent pas au Maroc de se détourner du conflit franco-algérien, d’autant que cette lutte que mènent les Algériens est la même que celle que menaient les Marocains quelques mois plus tôt. Ainsi, l’exigence de la solidarité musulmane pousse le Maroc vers un soutien actif à la cause algérienne. Un soutien qui intervient sur deux fronts, à la fois international et intérieur. La position du Maroc à l’égard de l’Algérie rend alors caduc l’accord diplomatique de Rabat du 28 mai 1956 qui, dans le cadre de la coopération franco-marocaine, stipule entre autres que les deux pays ne doivent pas adhérer à une politique incompatible avec les intérêts de l’autre . Or, les Marocains considèrent comme un devoir sacré d’aider leurs « frères » algériens en les accueillants sur le territoire marocain et en les aidant. Mohammed V a, dès la proclamation de l’indépendance, statué sur la question algérienne, en se prononçant pour un règlement pacifique de la question et une volonté d’obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible. Ainsi, il est vite apparu que les intérêts de l’un n’étaient pas conformes aux intérêts de l’autre. La défense des revendications algériennes par le Maroc va inéluctablement contribuer à détériorer les relations franco-marocaines et rendre impossible la mise en place d’une coopération franco-marocaine exemplaire voulue par les deux parties au lendemain de l’indépendance.
L’aide du Maroc au FLN
Il semble qu’il ne peut y avoir d’apaisement réel en Afrique du Nord tant que l’Algérie n’accède pas à l’indépendance. Ainsi une solidarité plus ou moins discrète, mais dans tous les cas gênante, se fait jour, et se traduit par une aide diverse à la « rébellion » algérienne.
L’aide politique et diplomatique
La première forme d’aide est l’aide politique et diplomatique marocaine, qui émane du roi, du gouvernement et des partis politiques, et qui a bien entendu évolué tout au long de la période. Entre 1956 et 1957, le Maroc mène une politique d’équilibre relatif entre la France et le fln. Sortant tout juste de l’indépendance, il ne peut se permettre de provoquer une rupture totale avec la France, et même la crise liée à l’affaire Ben Bella est menée de manière à éviter une rupture irréversible entre les deux pays.
Hocine Ait Ahmed revient sur le détournement de l’avion des 5. issalen
Il apparaît clairement durant ces deux premières années que le roi tolère mais n’encourage pas directement l’aide au fln . Mais l’année 1958 est marquée par une radicalisation certaine de la position marocaine liée au bombardement en Tunisie, le 8 février 1958, du village de Sakiet Sidi Youssef, par l’aviation française. La France prend la décision d’intervenir dans ce village hébergeant un camp de combattants algériens, après que ses troupes ont été attaquées en janvier 1958 dans le secteur de Sakiet Sidi Youssef. Une attaque qui lui a valu 18 morts. Mais si le but de l’aviation française est de toucher uniquement les armements et les « rebelles », des bâtiments civils ont été touchés. En outre l’aviation française décide de détruire à l’aide de bombes, une mine désaffectée qui se trouve à deux kilomètres du village, et qui servait de camp d’instruction pour les éléments du fln. Au total, l’opération fit une centaine de tués parmi les fellaghas. Si les objectifs sont strictement militaires, des femmes et des enfants sont ici aussi tués. Par conséquent, à la suite de cet épisode, le Maroc raidit davantage sa position et prend ouvertement parti pour l’indépendance algérienne.
L’Affaire de Sakiet Sidi Youssef, suscite une vive émotion au sein de la population et favorise la réunion de la conférence de Tanger du 27 au 30 avril 1958, ainsi que l’idée d’une unification du « Maghreb arabe ». Ce projet d’unification a par ailleurs pour but de répondre à la création de la République arabe unie et d’empêcher le fln de subir trop fortement l’attraction du Caire qui lui apporte son soutien. Lors de cette conférence, plusieurs décisions, qui vont à l’encontre de la politique française, sont prises. En effet, l’Istiqlal a opté résolument pour l’indépendance algérienne. Dans la perspective d’une poursuite de la guerre, il s’engage à apporter son appui total à la rébellion ; il se dit également prêt à reconnaître un gouvernement algérien qui serait formé par le fln « après consultation des gouvernements marocain et tunisien ». En outre, le retrait des troupes françaises de l’Oriental est également demandé, ce qui favoriserait la liberté d’action du fln dans cette zone . Le roi s’est vu imposer les résolutions de Tanger et les a approuvées officiellement . Cette nouvelle position du Maroc sur le problème algérien entraîne un raidissement de ses relations avec la France, alors même que le roi et le gouvernement Balafrej sont soucieux de préserver une coopération étroite. Voici d’ailleurs ce qu’affirme en juillet 1958 Ahmed Balafrej : « Si un gouvernement de l’Algérie libre devait se constituer, quels que soient le lieu et les circonstances de cette formation, le Maroc ne pourrait pas ne pas le reconnaître, ni être parmi les derniers à lui accorder cette reconnaissance… Je préfère ne pas penser aux répercussions inévitables d’un tel événement sur nos rapports avec la France » . Et en effet, le point culminant du soutien au fln est la reconnaissance inévitable du Gouvernement provisoire de la République algérienne, le jour même de sa création, par le Maroc, le 19 septembre 1958.
En outre, la question de l’Algérie est évoquée lors de la création du Groupe de Casablanca, entre le 3 et le 7 janvier 1961, et qui plus est sous l’égide de Mohammed V, ce qui ne va pas aider les relations diplomatiques franco-marocaines, ni la mise en place d’une coopération privilégiée. En effet, le Groupe de Casablanca a une idéologie progressiste et anti-impérialiste, et bénéficie du soutien de l’Est . Les exigences de la solidarité arabe ont ainsi fait du Maroc le chef de file de l’Afrique progressiste ce qui ne peut guère améliorer les relations franco-marocaines, d’autant plus que ce groupe s’oppose au Groupe « modéré » de Brazzaville , qualifié par le général de Gaulle d’« amis préférés de la France » , créé entre le 15 et le 19 décembre 1960, et qui soutient la politique française à l’onu, ce qui rejette le Maroc dans un « camp » hostile à la France. D’autant plus que, depuis son admission à l’onu, la délégation marocaine a systématiquement exercé son droit de veto dans un sens favorable à l’Algérie. Si l’aide diplomatique et politique du Maroc est essentielle, l’aide indirecte qu’il apporte du fait de sa position géographique est d’autant plus importante.
1957 Quand la délégation Marocaine défendait aux Nations Unis le droit de l’Algérie à l’indépendance. En ce moment Mohamed Boukharouba, dit Houari Boumédiène était entrain de s’amuser.
Rôle du Maroc dans l’indépendance de l’Algérie
Il convient de préciser que feu Mohammed V avait décliné une offre française pour la restitution des territoires amputés de l’Oriental marocain au profit de l’Algérie française. On pense particulièrement à Maghnia, Tindouf et Colomb-Béchar. Pour lui, la question ne devait être abordée qu’une fois l’indépendance des frères algériens acquise.
Or, c’était compter sans la trahison du «clan d’Oujda», à leur tête le premier président de l’Algérie indépendante Ahmed Ben Bella et son ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene, de son vrai nom Mohammed Boukharrouba, lesquels non seulement ont renié les engagements de l’Algérie envers le Maroc, mais également provoqué le premier conflit fratricide avec le royaume, la guerre des Sables de 1963.
Et ce n’est pas tout! En 1973, le colonel Houari Boumédiène (arrivé à la tête du pouvoir à bord d’un char!), avait « récupéré » une poignée d’étudiants sahraouis marocains sur le sol algérien pour en faire un « mouvement de libération », nommé front polisario, que le régime algérien continue, à ce jour, d’instrumentaliser à des fins hostiles envers l’intégrité territoriale du royaume du Maroc.
Cette attitude délibérément hostile contraste de manière flagrante avec les sacrifices énormes consentis par le Maroc en faveur de l’Algérie.
Les enseignements.
Le Maroc a toujours été solidaire de l’Algérie même si cette solidarité a été malheureusement à sens unique. Le régime algérien a toujours cherché à occulter cette solidarité en rappelant par presse interposée la guerre qui a opposé les deux pays en 1963. La guerre de 1963 ou guerre des sables souvent reproché par Alger au Maroc a des causes bien précises.
En effet à l’indépendance du Maroc, Mohammed V a refusé l’offre de la France de restituer les territoires annexés par la France en contrepartie de ne plus héberger les combattants du FLN. Le roi Mohammed V voyait cette proposition comme un « coup de poignard dans le dos » des « frères algériens » et parvint à signer un accord le 6 juillet 1961 avec le chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne, Ferhat Abbas. En vertu de cet accord la discussion de la question des frontières interviendrait après l’indépendance de l’Algérie. A leur indépendance, les autorités algériennes ont refusé de discuter du sujet alors même que lors du référendum d’indépendance en Algérie, les habitants de Tindouf indiquaient sur leur bulletin : « OUI à l’indépendance, mais nous sommes marocains » .
La monarchie marocaine à travers Moulay Abderrahmane ou Mohammed V a été toujours solidaire de l’Algérie. Du temps de Hassan 2 et alors que les attaques du Front Polisario contre l’armée marocaine se faisaient à partir du territoire algérien, le souverain marocain n’a jamais permis à l’armée d’exercer le droit de suite pour ne pas insulter l’avenir et engager les deux pays dans une guerre fratricide. De même que pendant la décennie noire en Algérie, le Maroc a toujours refusé de constituer une base arrière aux terroristes islamistes. Certains journaux algériens reprochent au Maroc d’avoir tourné le dos à l’Algérie pendant cette période alors qu’objectivement c’est tout ce qu’il pouvait faire en plus de la remise aux services de sécurité algériens des terroristes recherchés et qui prenaient asile sur son territoire Quand au Roi Mohammed VI et fidèle à ses ancêtres, sa main est toujours tendue à l’Algérie et le rappelle à chacun de ses discours.
A ceux qui spéculent notamment dans la presse algérienne, le rappel de ces faits historiques ainsi que les rappels du souverain marocain à l’attachement du Maroc à l’idéal maghrébin démontrent clairement le contraire. Cet attachement vient d’être gravé dans le marbre dans la constitution de 2011 qui fait du Grand Maghreb l’espace identitaire du Maroc.
Vu de Rabat et au vu de cette solidarité, le Maroc était en droit de demander à l’Algérie de l’aider à récupérer son Sahara et les enclaves de Ceuta et Mellilia et non pas engager sa diplomatie et ses moyens pour le déstabiliser tout en disant officiellement que l’affaire du Sahara «ne la concerne pas».
Or l’évolution récente des relations ces dernières années ont été marquée par le fait que l’Algérie tout en affirmant officiellement que la conflit du Sahara concerne la Maroc et le Polisario, que c’est une affaire des Nations Unies consacre des millions de dollars à ouvrir et faire fonctionner les «ambassades» et autres bureaux du Polisario à travers le monde et financer différents lobbies pour soutenir « la cause sahraoui », tout en achetant pour des dizaines de milliards de dollars d’équipements militaires dont une partie bénéficiera aux combattants du Polisario alors que les populations sahraouies refugiées en territoire algérien à Tindouf en Algérie continuent de vivre dans des conditions misérables en dépit de l’aide internationale notamment européenne qui leur est allouée.
UNESCO a choisi judicieusement la ville de Laayoune parmi les 55 villes du Réseau mondial des villes apprenantes.
L’intégration du Réseau mondial Unesco des villes apprenantes permettra aux trois villes marocaines de partager avec les autres villes leurs expériences en matière d’éducation, de formation et de recherche, mais également de bénéficier des meilleures pratiques et expériences réussies dans les domaines de la formation tout au long de la vie.
Cette intégration fait suite à l’appel à candidature lancé par l’Unesco (l’Institut de l’Unesco pour l’apprentissage tout au long de la vie -UIL) relatif à l’adhésion au Réseau mondial des villes apprenantes (GNLC), édition 2020.
La Commission nationale marocaine pour l’éducation, les sciences et la culture a accompagné les trois villes marocaines, à savoir Laâyoune, Benguerir et Chefchaouen, durant la phase de préparation de leurs dossiers de candidature, et les a incitées à veiller scrupuleusement au respect des exigences arrêtées par l’Unesco pour la sélection les futurs candidats audit réseau.
Le Réseau des villes apprenantes a été créé conformément à la « déclaration de Pékin sur les villes apprenantes », adoptée par la Conférence mondiale sur les villes apprenantes, tenue à Pékin en Chine du 21 au 23 octobre 2013.
Jusqu’en 2019, le Réseau comportait 174 villes issues de 55 pays. Le Maroc ne l’a intégré qu’en 2020 suite à la sélection récente des trois villes (Laâyoune, Benguerir et Chefchaouen).
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