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Des voix s'élèvent contre la violence policière dans la répression des manifestations en France


La liberté d’expression est un droit essentiel qu’il est dangereux de suspendre ou de limiter. Elle permet aux sociétés et aux individus de se développer et de faire valoir d’autres droits. C’est donc un levier pour promouvoir et défendre l’ensemble des droits humains. La limiter, c’est attaquer et menacer l’ensemble des droits humains.

Le président français Emmanuel Macron a décidé d'invoquer l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer sa réforme des retraites après des semaines de contestation. Cette décision a entraîné des réactions virulentes dans la rue, les manifestants dénonçant un système autoritaire.

Vidéo: La violence policière dans la répression des manifestations en France... Âmes sensibles s'abstenir !
Des députés et des magistrats dénoncent des violences policières lors des manifestations

Plusieurs députés, notamment de la gauche, et le syndicat de la magistrature ont dénoncé des violences policiers lors des manifestations organisées, lundi, à la suite du rejet des motions de censure contre le gouvernement et de l’adoption, en conséquence, de la réforme des retraites.

«Des images dignes des pires régimes autoritaires. Macron, la honte de l’Europe », a écrit le député de La France insoumise (LFI), Antoine Léaument, sur son compte twitter, en réaction à des images d’une charge des forces de l’ordre, lundi, dans le quartier des Halles à Paris, pour contrôler des rassemblements spontanés en marge de l’adoption de la réforme des retraites.

De son côté, le syndicat de la magistrature a regretté, dans un communiqué publié mardi, la manière dont ont été régulées les manifestations des jours précédents.

« Des centaines d’interpellations et de mesures de garde à vue ont été décidées depuis jeudi dernier. La très grande majorité de ces mesures n’a reçu aucune suite judiciaire (à Paris, après la manifestation de jeudi place de la Concorde, sur 292 gardes à vue de manifestants, seules 9 ont donné lieu à des poursuites pénales) », note-il.

Les magistrats ont aussi dénoncé des « scènes indignes d’une démocratie », en citant « des policiers exerçant des violences illégitimes contre des manifestants et des street medics (secouriste de rues), des interpellations collectives de manifestants enjoints de s’asseoir par dizaines à terre, mains sur la tête, des journalistes faisant leur métier menacés ou brutalisés ».

Ils ont aussi mis en cause des forces de l’ordre « sommées de réprimer les manifestations qui s’organisent dans de nombreuses villes pour exprimer la colère sociale ».

« Violences policières contre les journalistes »

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé vendredi le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin à « mettre fin aux violences policières contre les journalistes ». Dunja Mijatovic s’est par ailleurs inquiétée de l’interpellation et du placement en garde à vue de certains manifestants et de personnes se trouvant aux abords des manifestations, s’interrogeant sur «la nécessité et la proportionnalité des mesures dont elles ont fait l’objet».

«Le défaut de déclaration d’une manifestation n’est pas suffisant en soi pour justifier une atteinte au droit à la liberté de réunion pacifique des manifestants, ni une sanction pénale infligée aux participants à une telle manifestation», a-t-elle relevé, en référence aux propos de Gérald Darmanin.

Le ministre avait déclaré mardi que la participation à une « manifestation non déclarée » constitue un « délit » qui « mérite » une « interpellation ». Gérald Darmanin a annoncé par ailleurs vendredi l’ouverture de 11 enquêtes judiciaires sur des violences policières présumées depuis une semaine dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites.

France : ces lois qui entravent le droit de manifester

Ces dernières années en France, le droit de manifester s’est détérioré. En cause : la mise en place de dispositifs législatifs et judiciaires qui laissent place à l’arbitraire.

Des lois françaises contraires au droit international sont utilisées comme moyen de répression contre des manifestants. Une stratégie dite de « judiciarisation du maintien de l’ordre ». Si elle est présentée comme visant à arrêter des « casseurs », elle conduit en réalité à l'arrestation de manifestants pacifiques.

Le Conseil de l'Europe s'alarme d'un "usage excessif de la force" en France

La Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, s'est alarmée vendredi d'un "usage excessif de la force" envers les manifestants contre la réforme des retraites, appelant la France à respecter le droit de manifester.

"Des incidents violents ont eu lieu, parmi lesquels certains ont visé les forces de l'ordre", a déclaré la Commissaire dans un communiqué.

"Mais les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d'autres actes répréhensibles commis par d'autres personnes au cours d'une manifestation ne sauraient justifier l'usage excessif de la force par les agents de l'État. Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion", a-t-elle poursuivi.

Un droit essentiel et menacé

Tous les jours, des citoyens, des journalistes ou des défenseurs des droits humains sont surveillés, arrêtés, battus ou menacés, simplement pour avoir exprimé des idées ou un point de vue, pour avoir manifesté, ou cherché ou diffusé des informations. Aucune région du monde n’est épargnée.

En France: l’agression de notre confrère, le journaliste Amar Taoualit, délibérément aspergé de gaz lacrymogène le 16 mars.
En Algérie, Ihsane El Kadi est en prison pour une seule raison : son amour pour la liberté de la presse.
En arrêtant Ihsane El Kadi, le pouvoir algérien réduit au silence la dernière radio indépendante

Le régime algérien a profité de la torpeur des fêtes de fin d’année pour arrêter l’un des derniers journalistes indépendants du pays, Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et du site Maghreb Emergent.

Le journaliste Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et du site Maghreb Emergent, a été placé jeudi sous mandat de dépôt, cinq jours après avoir été interpellé. Radio M a été réduite au silence par la même occasion. C’était un des derniers médias indépendants en Algérie, rappelle Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme, exilé en Belgique.

L'arrestation d’Ihsane el-Kadi a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux et une mobilisation en ligne exigeant sa remise en liberté. Interrogé par France 24, Aïssa Rahmoune, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) et de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) confie qu’Ihsane el-Kadi "a lui-même indiqué que cette arrestation est une affaire contre sa personne et contre Interface médias".

Dans un communiqué publié le 28 décembre, le conseil d’administration d’Interface Médias s’est insurgé contre les conditions de l’interpellation de son directeur, "symbole flamboyant d’une Algérie qui refuse opiniâtrement d’abdiquer face à l’arbitraire", et dénoncé "une violation flagrante du code de procédure pénale".

"Tous les actes ayant conduit à la fermeture arbitraire de nos locaux ont été menés en dehors de toute légalité, poursuit le conseil d’administration. La perquisition et la confiscation des équipements se sont faites sans présentation de mandat et sans que des faits délictueux ou criminels n'aient été établis".

Radio M, qui a relayé une pétition appelant à la libération de son directeur, rappelle qu’Ihsane el-Kadi, déjà condamné à 6 mois de prison en juin dernier à la suite d’une plainte du ministre de la Communication contre un article d’opinion, fait face à une "interminable série d’intimidations" depuis au moins trois ans.

"Interpellations, contrôles judiciaires, détentions arbitraires, interrogatoires à plusieurs reprises dans les locaux de la gendarmerie et ceux de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sont devenues le lot quotidien de sa vie de journaliste", ajoute le média, qui évoque un "acharnement politique, policier et judiciaire sans précédent".

Est-ce la présidence, irrité par son dernier article concernant un éventuel second mandat de Tebboune ou son tweet dans lequel il remettait en doute l’incroyable déclaration de Tebboune qui avançait un chiffre de "20 milliards de dollars récupérés suite à des détournements des oligarques". Il y a un an, Ihsane El Kadi a été aussi convoqué par la gendarmerie pour son article sur le bilan de la première année de pouvoir de Tebboune.



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