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Censure en Algérie: Observ’Algérie répond à Ammar Belhimer

Censure en Algérie: Observ’Algérie répond à Ammar Belhimer.

Les « autorités » en Algérie ont bloqué mercredi 2 décembre plusieurs sites d’information, confirmant le verrouillage du paysage médiatique indépendant, en ligne notamment, et l’offensive contre la liberté de la presse et d’expression.

Le ministre (sinistre) algérien de la Communication et porte-parole du gouvernement s’est exprimé récemment sur le « blocage » que subissent plusieurs sites d’informations en Algérie. Ammar Belhimer a avancé des justificatifs fallacieux sur la censure infligée à certains médias électroniques, usant de contre-vérités et de jugements de valeur contre les gérants des sites en question. Il a affirmé que ces responsables étaient « motivés par une mauvaise foi ou par ignorance ». Faisant partie des sites censurés, Observ’Algérie tient à apporter des clarifications à ses lecteurs, en particulier, et l’opinion publique, en général.

Ainsi, contrairement à ce que prétend le ministre, Observ’Algérie subit une véritable censure. Il ne s’agit nullement d’un souci technique lié au domaine d’hébergement. Le nom du domaine n’a aucune influence sur l’accessibilité des sites. Au contraire le (.dz), au lieu d’être une solution, il est un moyen supplémentaire de contrôle sur les sites d’informations par les autorités politiques. Les différents sites ne peuvent faire confiance à cette autorité qui use de la censure, alors que les sites sont hébergés sous une autorité indépendante des Etats. Ils ne peuvent mettre leurs données entre les mains des autorités dans une conjoncture où la liberté de la presse est en danger.

Explications techniques

Afin d’expliquer la situation sur le plan technique, il est important de vulgariser la signification de certains concepts. Il faut savoir ce que c’est qu’un nom de domaine et à quoi il sert véritablement. Le nom de domaine permet à un utilisateur de retrouver un site Internet hébergé dans un grand ordinateur appelé « serveur ». Le serveur a pour but de stocker toutes les informations sous forme d’images, de textes, etc. dans son disque dur. Lorsqu’un utilisateur cherche à lire un article, il se connecte à cet ordinateur à distance via Internet. L’utilisateur reçoit une réponse aussitôt et le contenu recherché est affiché.

Il faut signaler que pour afficher ce contenu, les machines communiquent entre elles avec des chiffres. Pour avoir accès à ce contenu, le serveur a besoin de l’adresse IP du serveur que vous voulez joindre (c’est comme l’adresse postale, mais sur Internet). Cette adresse est sous cette forme, par exemple : https://208.65.153.238/ (youtube.com). Donc, pour éviter d’apprendre une série de chiffres, des sociétés telles que ICANN se chargent de référencer les adresse IP avec leurs différents noms de domaine pour faciliter la tâche aux utilisateurs. C’est l’utilité réelle du nom de domaine.

Qu’en est-il d’Observ’Algérie ?

Dans le cas d’Observe’Algérie, le nom de domaine n’a pas changé depuis sa création. Afin de contourner la censure, nous avons changé d’adresse IP. Cette technique a permis au site d’être de nouveau accessible pour une courte période. Jouant au chat et à la souris avec les sites d’informations, les censeurs bloquent la nouvelle adresse dès qu’ils s’en rendent compte. Ce qui nous amène à dire que le site n’est pas bloqué au niveau du nom de domaine, mais plutôt de l’adresse IP.

D’un autre coté, quand nous passons par le service de Google, appelé « Google amp », pour faciliter l’accès à nos lecteurs, nos articles sont de nouveau accessibles en Algérie. Il faut savoir que passer par « Google amp » veut dire que nos articles sont pré-chargés et sont disponibles avec l’adresse IP de Google. De cette façon, les censeurs ne peuvent pas nous bloquer, car s’ils le font, ils bloquent tout Google. Chose impensable dans cette conjoncture.

Utilisation du VPN

Il faut expliquer que le VPN permet de contourner la censure. Cette application donne la possibilité de sécuriser et de crypter vos données sur Internet. Plus simplement, c’est comme l’exemple de la poste. Si vous envoyez un colis par la poste, le postier peut vérifier le contenu et le refouler. En utilisant un VPN, votre boîte est protégée avec une autre boîte et un mot de passe. Dans ce cas, le postier, ne pouvant voir le contenu de votre boîte, la laisse automatiquement passer. Sachant que le VPN a d’autres utilisations, nous nous contentons de ce qui nous intéresse. Dans notre cas, cette application permet aux requêtes envoyées vers des serveurs étrangers de ne pas être bloquées. Les censeurs ne pouvant vérifier le contenu de ces requêtes et faire la différence entre un site et un autre.

Point DZ et les autres

Pour revenir au (.dz), au-delà des choix personnels d’utilisation du nom de domaine, l’argument qui consiste à dire que le .fr ou .com est la cause de blocage des sites est erroné. Il suffit juste de constater que la majorité des sites consultés en Algérie sont hébergés en (.com) ou (.fr). Ces sites fonctionnent normalement et n’ont pas de soucis techniques.

La censure des médias par le gouvernement algérien s’est aggravée depuis le mois d’avril 2020 suite à une réforme du code pénal criminalisant la publication de fausses nouvelles.

En octobre, le gouvernement a adopté un projet de décret destiné à mieux « encadrer les activités des médias en ligne ». Il y est notamment prévu que les sites électroniques soient « exclusivement » hébergés en Algérie. « Toutes les ressources (matérielles, logicielles, humaines, création, exploitation) nécessaires à l’hébergement d’un site devront être également en Algérie », d’après l’agence officielle APS. Ce décret exécutif n’a toutefois pas encore été publié au Journal officiel. Selon le ministre de la communication Ammar Belhimer, un ancien journaliste et docteur en droit, « le fait de contraindre les sites électroniques à la domiciliation sous le domaine [. dz] en tant que condition pour l’accès à la publicité est un facteur permettant de les protéger des piratages et des attaques étrangères ».

Non, les responsables ne sont pas motivés par une mauvaise foi

Par les arguments précédents, nous avons démontré que le ministre justifie la censure par des explications trompeuses. Il a usé de jugement de valeur envers les responsables des sites bloqués, alors qu’il suffit d’essayer d’accéder à ces sites pour comprendre qu’ils ne sont pas accessibles en Algérie. Il suffit aussi d’activer son VPN, comme l’a d’ailleurs signalé le ministre dans une précédente déclaration, pour pouvoir y accéder.

Observ’Algérie et la législation

Il faut signaler qu’Observ’Algérie relève de la législation française. Il est censuré alors que les autres sites français sont accessibles en Algérie. Notre site a été reconnu par la Commission Paritaire des Publications et Agences de Presse (CPPAP) comme service de presse en ligne (Information Politique et Générale) à compter du 04/07/2019, sous le Numéro CPPAP : 0721 Z 93970. Nous sommes tout simplement victime de censure, malgré le professionnalisme dont l’équipe du journal fait preuve chaque jour.

Reporters sans frontières (RSF), qui dénonce régulièrement les menaces contre la liberté de la presse en Algérie, a condamné « vigoureusement la censure de médias libres et indépendants ». Le ministère de la communication n’a donné aucune explication.

L’Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF, un recul de cinq places par rapport à 2019 et de vingt-sept places par rapport à 2015.

Avec, Observ’Algérie

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