Blackout électrique en Espagne : Albares remercie le Royaume du Maroc et se félicite de l'"excellente" dynamique des relations bilatérales
- gherrrabi
- 6 mai
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Dans une allocution prononcée devant la Commission des affaires étrangères du Congrès des députés, le chef de la diplomatie espagnole a exprimé sa gratitude au Maroc pour son soutien lors de la panne d’électricité survenue la semaine dernière en Espagne, un soutien qui a permis de rétablir rapidement le courant dans plusieurs régions du pays.
Le ministre a salué le “record historique” atteint dans les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont atteint 23 milliards d’euros, grâce à la feuille de route convenue le 7 avril 2022.
M. Albares a également mis en avant les avancées majeures réalisées dans les relations entre les deux pays, dans le cadre de la nouvelle phase entamée après le message adressé par le président du gouvernement, Pedro Sánchez, à Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans lequel il affirme que “l’initiative marocaine d’autonomie constitue la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour parvenir à une solution” au différend relatif au Sahara marocain.
Le dossier du Sahara au cœur de l’entente politique
Au-delà de cette solidarité ponctuelle, José Manuel Albares a rappelé les avancées diplomatiques majeures qui jalonnent cette relation bilatérale, notamment autour du dossier du Sahara marocain. Il a réaffirmé la position officielle de Madrid, qui considère le plan marocain d’autonomie comme « la base la plus sérieuse, crédible et réaliste » pour parvenir à une solution durable au conflit régional.
Cette posture avait été actée par une lettre de Pedro Sánchez adressée à SM le Roi Mohammed VI, déclenchant une nouvelle phase de dialogue structuré, désormais encadrée par la feuille de route conjointe signée le 7 avril 2022. Un jalon que le ministre espagnol a qualifié de « tournant stratégique » dans les relations entre les deux royaumes.
Une dynamique économique au plus haut
Sur le plan économique, Albares a également mis en lumière un record historique : 23 milliards d’euros d’échanges commerciaux entre l’Espagne et le Maroc en 2023. Ce chiffre traduit, selon lui, « une confiance mutuelle et un dialogue fluide entre les opérateurs des deux rives ».
Dans ce contexte, le Maroc apparaît de plus en plus comme un partenaire incontournable pour l’Espagne, tant en matière de sécurité énergétique que de coopération migratoire ou de développement durable.
Vers une alliance méditerranéenne renforcée
Pour le chef de la diplomatie espagnole, cette convergence n’est pas fortuite. Elle s’inscrit dans une vision partagée de stabilité, de prospérité régionale et de lutte contre les défis communs. Albares a ainsi plaidé pour un approfondissement de la coordination bilatérale, notamment dans les domaines de la formation, de la mobilité étudiante et de la transition écologique.
Les prochains mois devraient voir la concrétisation de plusieurs initiatives conjointes, notamment dans le cadre de la préparation à la Coupe du monde 2030, que les deux pays coorganisent avec le Portugal.
Panne électrique: comment le Maroc est venu en renfort à l’Espagne

Quand l’Espagne s’est retrouvée plongée dans le noir le 28 avril dernier, le Maroc a joué un rôle décisif pour rétablir l’électricité de l’autre côté du détroit. Grâce à une interconnexion transméditerranéenne robuste et une coopération technique éprouvée, le Royaume a apporté un soutien énergétique crucial à son voisin européen. Une illustration concrète de solidarité, dans un contexte où les deux pays sont de plus en plus interdépendants.
Le 28 avril à 12 h 33, une importante défaillance du système électrique européen a plongé la péninsule Ibérique dans le noir. Si le rétablissement du courant s’est fait progressivement jusqu’en soirée, certaines régions du Nord et du Sud de l’Espagne ont pu être réalimentées plus rapidement grâce au soutien de la France et du Maroc.

«Depuis Madrid, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a salué l’assistance fournie par ces deux pays, dont les interconnexions ont permis de stabiliser le réseau électrique espagnol dans un moment critique», souligne le magazine Jeune Afrique.
Le rôle du Maroc, en particulier, s’est révélé déterminant. Grâce à ses deux câbles sous-marins reliant son réseau électrique à celui de l’Espagne via le détroit de Gibraltar, le Royaume a pu transférer jusqu’à 1.400 mégawatts (MW) en courant alternatif à très haute tension (400 kV). Ce 28 avril, l’interconnexion a été exploitée à son maximum. Près de 38% de la capacité de production marocaine a été mobilisée pour secourir les lignes espagnoles et relancer leurs centrales, un geste de solidarité technique remarquable.
«Paradoxalement, alors que le Maroc est habituellement importateur d’électricité, il a joué le rôle de fournisseur d’appoint en pleine crise énergétique», relève Jeune Afrique. Cette capacité à inverser les flux est le fruit d’une coopération technique étroite entre Rabat et Madrid, et d’une infrastructure interconnectée robuste. Contrairement aux idées reçues, cette interconnexion repose sur du courant alternatif (AC), comme en témoignent les installations de transformation à Tarifa (Espagne) et Ferdioua (Maroc).
Cité par le magazine, Amin Bennouna, expert marocain en énergie, explique que «le Maroc recevait de l’électricité d’Espagne au moment de la panne, mais l’impact a été nul sur le réseau marocain grâce à une stratégie proactive». Il évoque l’utilisation de générateurs à réponse rapide et de mécanismes de gestion de la demande, qui ont permis de préserver la stabilité du réseau national tout en apportant un appui concret à l’Espagne.
Ce soutien n’est pas un épisode isolé, mais s’inscrit dans une dynamique de renforcement durable. «Un troisième câble d’interconnexion est actuellement en projet, cofinancé par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et Red Eléctrica, pour un montant de 150 millions d’euros. Il devrait entrer en service d’ici 2026, portant à 2.100 MW la capacité d’échange entre les deux pays», précise Jeune Afrique.

Tandis que l’Espagne faisait face à une crise majeure, le Maroc, bien que légèrement touché par ricochet, est resté résilient. Les aéroports ont basculé en mode manuel, et des perturbations ont été enregistrées dans la connectivité d’Orange Maroc, liées à des serveurs basés en Espagne. La remise en service s’est faite progressivement grâce au rétablissement des échanges transfrontaliers, preuve d’une interdépendance désormais mature entre les deux rives du détroit.
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